Journée mondiale de l’aide humanitaire 2024 : le cri d’alarme de Bruno Lemarquis pour le Nord-Kivu


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Nord-Kivu
Carte de la RDC avec la province du Nord-Kivu

À l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire 2024, Bruno Lemarquis lance un appel urgent pour répondre à la crise humanitaire exacerbée dans le Nord-Kivu.

Le 19 août 2024 marque une Journée mondiale de l’aide humanitaire empreinte d’une gravité particulière en République démocratique du Congo (RDC). Alors que le monde rend hommage aux travailleurs humanitaires, le message de Bruno Lemarquis, Coordonnateur humanitaire en RDC, résonne comme un appel urgent à l’action face à une situation critique qui menace des millions de vies.

L’Ituri et le Nord-Kivu : épicentres d’une tragédie silencieuse

Les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu sont devenues des théâtres de massacres incessants. Entre janvier et juillet 2024, plus de 630 civils ont été tués dans ces régions, plongeant des dizaines de milliers de personnes dans le désespoir et forçant la suspension temporaire de l’aide humanitaire. Malgré l’ampleur des souffrances, la communauté internationale reste largement indifférente. Cette absence d’indignation collective remet en question notre humanité même. Bruno Lemarquis qualifie cette crise comme « l’une des plus négligées au monde, mais également l’une des plus tolérées ».

Les déplacements massifs : une crise dans la crise

Les violences récurrentes ont provoqué des déplacements massifs de populations, exacerbant les conditions de vie précaires et créant un terreau fertile à d’autres crises humanitaires. Au premier semestre 2024, environ 7,3 millions de personnes étaient déplacées en RDC, dont plus de 400 000 nouvellement déplacées depuis décembre 2023. Cette situation, combinée à une pauvreté extrême, a engendré une hausse alarmante de la violence sexuelle, de la prostitution de survie, et de la propagation rapide d’épidémies telles que le choléra et la rougeole.

Une escalade inquiétante des attaques contre les humanitaires

En 2024, les acteurs humanitaires en RDC ont payé un lourd tribut, avec six d’entre eux tués et onze enlevés entre janvier et juin. Le souvenir des collègues tués à Butembo lors de l’incendie d’un convoi humanitaire reste douloureux. Ces incidents ne sont pas isolés : plus de 200 attaques ont ciblé des humanitaires cette année. Pour Bruno Lemarquis, cette violence systématique contre ceux qui apportent secours est tout simplement inacceptable. « En aucune circonstance, les humanitaires ne doivent être pris pour des cibles, » martèle-t-il, appelant à une protection renforcée des civils et des travailleurs humanitaires.

Agir pour l’humanité : un appel à l’action

Le thème de cette année, « Agir pour l’humanité », incarne l’urgence de la situation en RDC. Il ne s’agit plus seulement de réagir, mais d’agir en amont pour prévenir les violences et protéger les plus vulnérables. Bruno Lemarquis appelle toutes les parties à s’engager pleinement dans la recherche de solutions politiques durables et à s’attaquer aux causes profondes des conflits, telles que l’exploitation illicite des ressources naturelles et les flux financiers illicites.

Un soutien international clé, mais insuffisant

Malgré un engagement fort des Nations Unies et des ONG, le financement de l’aide humanitaire en 2024 reste dramatiquement insuffisant, avec un plan de réponse financé à seulement 35%. Bruno Lemarquis exprime une gratitude sincère envers les partenaires et bailleurs de fonds, tout en les exhortant à faire davantage. « Les populations congolaises sont fatiguées de la guerre. Elles veulent la paix, » affirme-t-il, rappelant que l’aide humanitaire, bien qu’importante, n’est pas une solution à long terme.

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