Plan France organise ce mardi sa quatrième journée franco-africaine anti-paludisme, basée sur une affiche choc. L’occasion de sensibiliser l’Hexagone sur une maladie parasitaire qui, selon l’organisation humanitaire internationale, tue, en Afrique de l’Ouest, plus que le sida.
Dans le métro parisien, on ne peut pas la rater. Une affiche montre un moustique géant qui pompe le sang du continent africain, représenté en rouge. L’image est aussi percutante que le message : « Un serial killer tue un enfant toutes les 30 secondes. Le paludisme, aidez-nous à le neutraliser ». Cette quatrième campagne a été montée par l’organisation non gouvernementale Plan France, avec le soutien de Natexis Banques Populaires, dans le cadre de la Journée franco-africaine anti-paludisme de ce mardi.
Le paludisme, maladie parasitaire qui se transmet uniquement par un moustique, est plus meurtrier que le sida en Afrique de l’Ouest. La situation empire sur le continent africain, notamment en raison de la résistance aux traitements, des failles des systèmes de santé ou du réchauffement climatique. « A l’occasion de la Journée africaine de lutte contre le paludisme à l’instigation des pays africains, Plan pousse une fois de plus un cri d’alarme […]. Ce fléau touche 36% de la population dans le tiers monde, mais c’est l’Afrique qui paie le plus lourd tribut avec 90% des décès », alerte l’ONG humanitaire internationale dans un communiqué.
Sensibiliser et récolter des fonds
Par son action de sensibilisation, elle entend surtout alerter l’opinion publique française. « Face à la recrudescence des cas et aux difficultés rencontrées dans la lutte contre le paludisme, Plan lance une campagne de sensibilisation, affirmant sa volonté d’informer l’opinion publique sur cette maladie. Plan souhaite aussi voir la communauté internationale se mobiliser davantage dans la lutte contre le paludisme en soutenant, par exemple, le développement de nouveaux vaccins et en faisant du 25 avril la Journée mondiale de lutte contre le paludisme », poursuit Plan France. « Ce n’est pas bien parti, mais chaque année j’essaie de renforcer l’action par des pétitions pour qu’une journée mondiale soit enfin reconnue », souligne Jean-Claude Fortot, co-fondateur de Plan.
L’idée de cette journée est également de récolter des fonds pour faire reculer une maladie qui tue surtout les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. Au fil des années, les dons augmentent. « On reçoit de plus en plus de dons, même si on communique modestement, avec nos moyens. Nous avons récolté beaucoup de fonds qui nous ont permis d’acheter 25 000 moustiquaires imprégnées réparties sur une dizaine de pays d’Afrique. Le prix d’une moustiquaire est d’environ 7,5 euros, selon les pays. Un prix qui compte le produit, mais aussi la sensibilisation, le transport, l’acheminement… On espère qu’un pays d’Afrique pourra produire lui-même ses moustiquaires. J’ai entendu que le Malawi avait mis en place une petite usine il y a un an, mais que les moustiquaires sont plus chères que si elles avaient été produites en Thaïlande, en Europe ou aux Etats-Unis. Donc là, il y a un problème », commente Jean-Claude Fortot.
Bientôt tous dans la même moustiquaire ?
La motivation est là, mais une pointe de pessimisme aussi : « Cette journée consacrée à une maladie quasiment inexistante dans les pays occidentaux, se déroulera, sans doute, dans l’indifférence du reste de la communauté internationale ». Pourtant, en France, on rapporte chaque environ 5 000 cas de paludisme importés. C’est-à-dire des personnes qui ont voyagé dans un pays paludique, dont elles sont originaires ou qu’elles ont découvert en touriste, et qui sont retournés dans l’Hexagone avec le parasite. Sur ces cas, une vingtaine succomberait chaque année. Le nombre de malades pourrait gonfler, selon Jean-Claude Fortot : « En France, a une époque, il y a eu beaucoup de paludisme dans le Sud. Cela commence à revenir un peu, avec le réchauffement climatique et les avions, qui transportent des moustiques ».
Plan France est présent dans presque toute l’Afrique, même si la couverture ne permet pas de toucher toutes les communautés et villages. « Il y a un boulot immense à faire. Peu d’associations, en tout cas en Afrique de l’Ouest, s’occupent de la lutte contre le paludisme. Nous avons des programmes ciblés pour les adultes et les enfants (via les écoles que nous construisons) et c’est avec ces derniers que l’information passe le mieux ». L’ONG distribue gratuitement des moustiquaires imprégnées aux enfants de moins et cinq ans et aux femmes enceintes de la province de Namentenga (Burkina Faso) et dans la région d’Akonolinga (Cameroun). Au fur et à mesure, la sensibilisation avance. Jean-Claude Fortot revient juste du Burkina Faso. Il rapporte que, même s’il n’a pas parcouru tout le pays, « on trouve de plus en plus de moustiquaires dans les maisons. Il y a une prise de conscience de cet outil, qui est souvent le seul de prévention ».