Au moins 18 journalistes sont emprisonnés en Egypte. C’est le nombre record depuis 25 ans. Ils sont principalement accusés d’appartenir à là confrérie musulmane de l’ex-Président Mohamed Morsi
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a révélé, ce jeudi 25 juin 2015, dans un rapport qu’aujourd’hui au moins 18 journalistes sont en prison en Egypte. C’est un nombre record a estimé le CPJ depuis que l’organisation internationale a commencé le recensement, en 1990.
Ces journalistes sont principalement emprisonnés car accusés d’appartenir à la confrérie de l’ex-Président islamiste Mohamed Morsi, classée comme « organisation terroriste » par l’actuel gouvernement. « Ils ont été arrêtés pour des accusations allant d’incitation à la violence et participation à des manifestations illégales ou appartenance à des groupes interdits », indique le CPJ.
« Sur 18 journalistes derrière les barreaux au 1er juin (2015), plus d’un tiers ont été condamnés à la prison à vie », souligne le rapport indiquant que la plupart travaillaient pour des médias en ligne.
Le CPJ explique qu’après la destitution de Mohamed Morsi, les autorités répriment la liberté de la presse et toute voix critique sous prétexte de protéger la sécurité nationale. La majorité des organes de presse jugés proches des Frères musulmans ou même de l’opposition laïque ont subi fait objet de restrictions (ordre de non traitement de sujets sensibles), censures, menaces et ordre de fermeture sans précédent. Des organes de presse étrangers ont même été fermés tels que la chaine Al-Jazzera et l’agence de presse turque Anadolu.
La CPJ évoque, dans son rapport, les méthodes d’arrestations des journalistes qualifiées de violentes. « Lors des arrestations souvent les journalistes sont tabassés, ou subissent d’autres formes de mauvais traitement. Leurs domiciles sont perquisitionnés, leur objets et affaires confisqués ».
Sherif Mansour, coordinateur des programmes du CPJ pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord a signalé que « sous couvert de mesures anti-terroristes, le gouvernement (…) recourt à des méthodes dures pour écraser tous ceux qui le critiquent ».
Le rapport souligne aussi une très faible présence de journalistes dans certaines régions du pays comme la péninsule du Sinaï, le théâtre d’affrontements sanglants et réguliers entre l’armée et des groupes insurgés. Selon un journaliste cité par le CPJ, « la couverture journalistique au Sinaï est finie, les informations qu’on peut faire circuler c’est celles divulguées par l’armée ».
De la liberté d’expression aux droits de l’Homme
Selon le CPJ, la police et les procureurs abusent de leurs pouvoirs de détention préventive, qui les autorisent à maintenir jusqu’à deux années des personnes en prison, sans procès. Le rapport cite le cas emblématique du photographe de presse Mahmoud Abou Zeid, dit Shawkan. Il est emprisonné depuis près de deux ans, et vient seulement de se voir signifier des accusations; la date de son procès n’est pas encore fixée.
Le CPJ assure que les journalistes sont emprisonnés dans des cellules, bondées et sales. Ils ne voient pas la lumières du jour pendant plusieurs semaines. Le rapport signale même des cas de journalistes tabassés et torturés en prison avec des décharges électriques.
Selon le rapport, au bout d’une certaine durée d’emprisonnement, la plupart les journalistes emprisonnés sont portés disparus en raison de l’absence d’informations sur les lieux ou ils se trouvent. Et certains d’entre eux ne sont pas prévenus des audiences de leur procès, et quelques fois sont même interdits d’assister à leurs audiences.
Depuis que l’ex-Président islamiste a été évincé du pouvoir en 2013, par l’actuel Président Abdel Fttah al-Sissi, alors chef de l’armée, les organisations de défense des droits de l’Homme pointent du doigt son pouvoir qualifié de plus répressif que celui de Hosni Moubarak, chassé du pouvoir en 2011 par une révolte populaire.