Les 36èmes Assises de l’Union internationale de la Presse francophone, se sont tenues à Ouagadougou (Burkina Faso) du 16 au 21 novembre 2004 sur le thème « la protection des journalistes. S’adressant à Abdou Diouf, les participants en ont profité pour lancer un Appel solennel aux gouvernants pour qu’une nouvelle Convention internationale vienne garantir la sécurité des journalistes.
En présence d’Abdou Diouf, Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie et par la bouche d’Hervé Bourges, qui avait été réélu peu avant par acclamations à la Présidence de l’UPF, cette Organisation non Gouvernementale basée à Paris et regroupant plus de 3000 journalistes répartis sur les cinq continents, a réclamé dimanche 21 novembre depuis Ouagadougou une initiative diplomatique sans précédent pour renforcer la sécurité des journalistes : « Face à la dégradation manifeste des conditions de travail des journalistes en mission périlleuse, et particulièrement en zones de conflits, l’Union appelle solennellement la Francophonie dans son ensemble à soutenir l’élaboration d’une nouvelle convention internationale spécifique sur la sécurité et la protection des journalistes, incluant si nécessaire l’adoption pour les journalistes d’un emblème de presse reconnu mondialement, afin de garantir à plus long terme un exercice plus sûr et protégé de leur mission. »
Pour sa part, l’UPF s’est engagée à poursuivre sa collaboration avec les organisations signataires de la déclaration de Genève du 21 septembre 2004, et en particulier à soutenir :
– « toute action visant à réduire les risques auxquels le personnel des médias est exposé dans les zones de conflits ,
toute initiative destinée à rappeler aux gouvernements de respecter et faire respecter leurs obligations résultant du droit international et des législations nationales,
toute démarche permettant d’ouvrir des enquêtes indépendantes transparentes, et approfondies sur les incidents inexpliqués ayant provoqué la mort ou la disparition de journalistes, enquêtes diligentées avec une volonté de résultat,
toute occasion de renforcer le dialogue entre les journalistes, les organisations de médias, les ONG, les gouvernements, les forces militaires et de sécurité, pour promouvoir des mesures concrètes pour réduire les risques auxquels les journalistes sont quotidiennement confrontés. »
De plus en plus de journalistes tués, blessés, menacés
Les 36èmes Assises, tenues à Ouagadougou, ont été en effet particulièrement marquées par les témoignages terribles exprimés par certains journalistes présents, qui ont évoqué les atteintes directes à leur sécurité et à leur liberté de travailler, en particulier dans des situations de guerre civile, de conflits ou d’interventions militaires internationales. Le sort des journalistes en Serbie lors des frappes de l’OTAN a été évoqué avec force par Aleksandar Mitic, correspondant de l’AFP à Belgrade, des expériences directes de violences et d’intimidation furent rapportés d’Irak, tandis que les journalistes ivoiriens présents aux Assises purent décrire des cas précis et récent d’incendies de journaux d’opposition, d’attaques contre les journalistes, d’interdiction de diffusion pour des journaux reconnus et respectés, de part et d’autre de la ligne de pacification maintenue par les forces mandatées par les Nations-unies, et en particulier françaises.
Le Prix de la Liberté d’Expression à deux titres ivoiriens
C’est ainsi que l’Union a également décidé d’attribuer le Prix annuel de la Liberté d’Expression à deux journaux récemment victimes d’un saccage de leurs locaux, suivi d’incendie et de violences à l’encontre des journalistes : le « Patriote » (journal proche de l’opposition ivoirienne, dont la rotative a en outre été détruite, et le quotidien indépendant « 24h », lui aussi pillé, saccagé, brûlé. Ce prix, soutenu par l’Agence intergouvernementale de la Francophonie, TV5 et RFI, permet à l’UPF d’apporter aux confrères ainsi frappés un premier soutien financier et moral à la fois.
Mais la Côte d’Ivoire et loin d’être le seul territoire où les journalistes sont menacés, et c’est pourquoi l’Appel de Ouagadougou pourrait être l’occasion d’une prise de conscience salvatrice. Bon début en tous les cas : Abdou Diouf a paru partager en profondeur les préoccupations de l’Union, et il a accueilli favorablement l’idée d’un nouvel instrument juridique international : « sa mise en œuvre permettrait de réaffirmer avec plus de force la nécessité de cette protection, de compléter le dispositif existant, et de poser le problème essentiel de la mise en œuvre effective et de la sanction du droit »… La machine est donc lancée…