Joseph Kony, acculé, veut faire la paix


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Le chef de l’Armée de résistance du seigneur (LRA), Joseph Kony, ne cesse de multiplier les actions et déclarations pour montrer qu’il veut faire la paix avec les autorités ougandaises. Mardi dernier, il demandait ainsi « pardon » pour les atrocités commises par son mouvement. Ce qui lui vaut d’être poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI). Aussi, la paix semble se présenter comme l’ultime recours d’un homme qui ne sait plus à quel saint se vouer.

Fin mai, dans une vidéo, Joseph Kony, le chef de la rébellion ougandaise de l’Armée de résistance du seigneur (LRA), affirmait sa volonté de faire la paix avec Kampala. Ce mardi, il demandait « pardon » pour les atrocités commises par son mouvement sur les populations civiles en présence d’officiels ougandais. De même qu’il tenait lundi, dans la forêt de Nabanga, petite localité située à la frontière entre le Soudan et la République démocratique du Congo, sa première conférence de presse depuis le lancement de son mouvement en 1988. En multipliant ainsi les gestes de bonne foi, le rebelle veut, semble-t-il, prouver à tout prix au gouvernement ougandais qu’il est prêt pour la paix. Cela au moment de la reprise, lundi à Juba, au Sud-Soudan, des négociations, interrompues le 24 juillet dernier.

Ultime sursaut d’humanité d’un chef de guerre sanguinaire, que l’on dit malade, ou va-tout d’un homme acculé ? La Cour pénale internationale (CPI) a en effet lancé contre lui et trois de ses lieutenants des mandats d’arrêt internationaux pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, auxquels Yoweri Museveni, le Président ougandais, lui a promis le 4 juillet dernier, contre l’avis du CPI, d’échapper grâce à une « amnistie totale ». A condition que les négociations de paix entamées avec son gouvernement aboutissent. Le chef de l’Etat ougandais a fixé le 12 septembre comme date butoir et les discussions actuellement en cours devraient s’achever lundi prochain.

Un accord pour mettre fin à 20 ans d’atrocités

Cependant, le chemin vers la paix est déjà semé d’embûches. La première, et non des moindres, est la question du cessez-le-feu. Ce que Joseph Kony considère comme un préalable à un accord de paix est, pour les autorités ougandaises, une résultante de celui-ci. « Des pourparlers sans cessation des hostilités et cessez-le-feu sont dénués de sens », a affirmé lundi le chef du LRA qui proposait le lendemain un cessez-le-feu. De son côté le ministère ougandais de la Défense, Ruth Nankabirwa, confiait, mercredi, à l’AFP : « Nous pensons toujours qu’un cessez-le-feu est possible une fois que nous aurons signé un accord de paix global ». La médiation soudanaise, conduite par le vice-président sud-soudanais Riek Machar, saura-t-elle se montrer aussi persuasive qu’elle a été pour amener les deux parties à trouver un terrain d’entente ? Elle fera certainement appel à cette capacité de persuasion qui lui a déjà permis de convaincre Kony de venir à la table des négociations.

Le gouvernement autonome du Sud-Soudan, qui est également favorable à la levée des mandats d’arrêt qui pèsent sur le leader du LRA, afin de rendre possible des négociations directes entre les rebelles et les autorités ougandaises, a d’ailleurs beaucoup à y gagner. La fin de la guerre civile, qui dure depuis près de 20 ans dans le Nord de l’Ouganda, région d’où la rébellion s’emploie à renverser le gouvernement de Yoweri Museveni pour installer un Etat régi par les dix commandements de la Bible, serait un gage de stabilité pour cette région du Soudan. Et l’heureux épilogue à un conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts, causé le déplacement de plus d’un million de personnes et transformé – ce que Joseph Kony nie – des enfants en soldats et en esclaves sexuels. Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef), ce sont 25 000 enfants qui ont été kidnappés depuis 1988 dans le fief du LRA.

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