Seuls quatre ministres sur 25 sont reconduits dans le nouveau gouvernement de la République Démocratique du Congo. Les autres paieraient le prix de leur intransigeance dans les négociations de paix.
C’est finalement un véritable coup de balai qu’aura connu le gouvernement de la République démocratique du Congo. Le nouveau maître de Kinshasa, Joseph Kabila, a nommé samedi un nouveau gouvernement, pour remplacer celui qu’il avait limogé la semaine dernière. Il consacre la mise à l’écart de nombreux fidèles de son père assassiné le 16 janvier dernier.
A 29 ans, le tout jeune chef d’Etat avait déjà manifesté sa volonté de s’affranchir de son pesant héritage en congédiant le directeur du cabinet présidentiel, le conseiller spécial en matière de sécurité, son aide de camp, et en faisant valser plusieurs grosses têtes de l’armée. Plus fort : il a embastillé l’ancien aide de camp de Laurent-Désiré Kabila, Eddy Kapend, qui avait pourtant contribué à son intronisation.
Pacifiques récompensés ?
Cette fois, seuls quatre des 25 membres de l’ancienne équipe ont été reconduits. A la trappe, les fidèles parmi les fidèles de l’ancien chef d’Etat : le numéro 2 du régime et oncle de Joseph, le ministre de l’Intérieur, Gaétan Kakudji, Abdoulaye Yerodia, ministre de l’Education nationale, le ministre d’Etat sans portefeuille, Pierre-Victor Mpoyo, le ministre délégué à la Défense, Godefroi Tcham’lesso. On notera également le départ d’un autre proche de l’ancien président, l’ancien ministre des Finances, Mawampaga Mwana Nanga ainsi que du porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, Dominique Sakombi.
L’annonce qui a été faite sur la télévision nationale n’a pas été commentée officiellement tant par les nouveaux arrivants que par ceux qui ont dû boucler leurs valises. Seule certitude, ce changement de gouvernement laisse les mains libres au jeune président pour mener une politique donnant la priorité à une solution pacifique au conflit qui déchire le pays depuis bientôt trois ans.
Gages à la communauté internationale
Un signe ? Parmi les (rares) rescapés des compagnons de Laurent Désiré figure le ministre des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu, loué par ses interlocuteurs internationaux pour sa volonté de parvenir à la paix. Autre gage à ces derniers : la nomination de Matungulu Kuyamu, ancien directeur du Fonds Monétaire International (FMI) au Cameroun, au poste de ministre des Finances.
Joseph Kabila a obtenu un accord prévoyant le retrait des forces de tous les belligérants, un dialogue national ainsi que le déploiement de casques bleus pour protéger les observateurs de l’ONU. S’il est difficile de mesurer la volonté réelle du président Kabila II dans ces efforts de paix, force est de reconnaître qu’il a choisi des hommes plus disposés à la faire que les anciens compagnons de son défunt père. Dont acte.