L’opposant John Fru Ndi a déclaré jeudi à Yaoundé que les élections présidentielles de 2011 n’auraient pas lieu. « Nous ne voulons pas sacrifier au rituel de parodies d’élections dont les résultats sont longtemps connus à l’avance», a-t-il affirmé.
Notre correspondante au Cameroun
« Il n’y aura pas d’élections présidentielles en 2011 au Cameroun ! », a déclaré John Fru Ndi, le leader du Front social démocrate (Social Democratic Front, SDF), principal parti d’opposition camerounais. John Fru Ndi réagissait, jeudi, lors d’une conférence de presse à Yaoundé à la sortie médiatique du ministre des Relations extérieures Henri Eyebe Ayissi. Ce dernier a fustigé récemment les déclarations de certains membres du corps diplomatique accrédités au Cameroun. Ces derniers ont critiqué le choix des membres d’ Elections Cameroon (Elecam), la nouvelle structure en charge de l’organisation des élections au Cameroun. Le ministre a accusé les diplomates d’ingérence dans les affaires internes du Cameroun. Henri Eyebe Ayissi a déclaré que l’exemple du Kenya et du Zimbabwe ne sera pas toléré au Cameroun.
Depuis la nomination des membres d’Elecam, de nombreuses réactions ont été enregistrées tant sur le plan national qu’international. Les reproches concernent le caractère « partisan » des membres d’Elecam, qui pour la plupart, sont des « anciens membres du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais », un proche du pouvoir. « Il (le président camerounais qui nomme les membres d’Elecam) a choisi les militants les plus zélés et les plus fanatiques du RDPC pour les nommer à Elecam », a déclaré le professeur Takougang, l’un des porte-paroles du SDF. Elecam a été créé au mois de décembre 2008 par le président Paul Biya en lieu et place de l’Observatoire national des élections (Onel). Les pratiques de l’Onel avait longtemps été décriée par de la communauté nationale et internationale.
Le SDF se prépare à contrer toute «parodie d’élection»
Au SDF, on dit avoir trop longtemps laissé le gouvernement camerounais agir à sa guise. Pourtant, lors de son admission dans le Commonwealth, le «Club des gentlemen », le président camerounais avait promis à ses pairs de respecter les accords d’Hararé, condition sine qua non à une adhésion dans cet organisme. Depuis, selon John Fru Ndi, aucune de ces engagements n’est respecté par le gouvernement du Cameroun. Fru Ndi évoque à cet effet, les « graves atteintes aux droits de l’Homme, le non respect et la révision de la constitution du Cameroun, la suppression des libertés civiles… ». Selon lui, le choix des membres d’Elecam devrait refléter la bonne foi et la détermination du gouvernement camerounais à faire avancer la démocratie au Cameroun à travers des élections transparentes.
«On ne va pas créer des instituions définitivement provisoires pour se maintenir éternellement au pouvoir et continuer à nous dire de venir aux élections pour crédibiliser les parodies d’élections ! Ça ne se passera plus comme ça ! », s’est indigné le professeur Takougang . Au SDF, en attendant 2011, on dit mettre sur pied des stratégies fiables pour empêcher la tenue de ces élections.