Jobily Weber ou le nouveau visage du rock malgache


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Jobily Weber
Jobily Weber

Jobily Weber est tombé sous le charme du son rock à son arrivée en France en 1983. L’artiste malgache a tôt fait de troquer sa guitare sèche pour une guitare électrique et d’investir le milieu au sein de différents groupes à Paris. Ce n’est qu’en 2000 qu’il décide de faire son propre album, Fitiavana vrai be. Un solide son pop rock malgache qui séduit aussi bien en France qu’à Madagascar. Portrait d’une déjà star.

Jacques Thierry Weber à la ville, Jobily Weber sur scène. Le rock malgache a un nom. A 34 ans, le jeune rockeur fait sensation depuis la sortie, en juillet dernier, de son single « Fitiavana vrai be », éponyme de son album sorti le 1er janvier 2006. Un son qui concrétise un parcours initiatique où la maladie sera un déclic. Cette première production a fait une entrée fracassante à Madagascar et dans la communauté malgache en France.

Rock’n roll attitude ? Pas vraiment. Car si vous le rencontrez hors de la scène, c’est un jeune homme discret et poli que vous aurez en face de vous. Comme quoi le rock n’est pas forcément synonyme d’excès et de dépravation. Comme le croyait initialement sa famille. « Au départ mes parents avaient mal pris cette passion pour le rock. Ils jugeaient que c’était une musique violente et ils me croyaient possédé par le démon », se souvient-il. Il est vrai qu’il avait, à l’époque, les cheveux longs, et que les douces sonorités de sa fidèle guitare sèche à Madagascar étaient résolument remisées au placard.

Sa famille le croit possédé par le démon du rock

Mais à y regarder de plus près dans la teneur des textes de l’artiste, force et de constater qu’il n’a rien d’un chevelu subversif brayant une musique de dégénérés. Il développe un rock véritablement emprunt d’amour, de foi et de vie. Son single « Fitiavana vrai be », qui signifie « Amour vrai » en malgache, est à ce titre révélateur. Une chanson en hommage à sa maladie, la maladie de Crohn (maladie intestinale), qui s’est déclaré en 2000 et à l’issue de laquelle on lui enlèvera 4 mètres d’intestin. « J’ai fait trois mois d’hôpital, et ça m’a laissé le temps de réfléchir sur la vie et sur ce que je voulais faire de la mienne. C’est là que j’ai décidé de faire mon propre album », explique-t-il.

Car jusque-là, il n’officiait qu’en tant que guitariste dans des groupes de rock français. Diam’s, Kix ou encore Linx. Comment a-t-il atterri sur la planète rock ? Il avoue avoir découvert cette musique avec le célèbre film de boxe Rocky. « Je n’avais jamais entendu ce genre de son. Ça envoyait dur. C’est comme ça que le rock m’a appelé, avoue-t-il. Je n’ai eu aucun mal à passer de la guitare sèche à la guitare électrique parce que je connaissais mes gammes et que c’est plus facile, au niveau du doigté sur les cordes, de jouer de la guitare électrique. »

Le rock pour exprimer la force de ses sentiments

C’est en 1983 que Jobily, aîné d’une famille de 5 enfants, arrive en France avec ses parents, ses frères et soeur. Dans ses bagages, un fidèle compagnon : sa guitare. Un instrument qu’il a commencé à pratiquer à 7 ans. « Elle m’accompagnait partout. Je faisais des reprises de chansons malgaches que je chantais pour des amis. » Après la découverte du rock, il se met à composer à la maison, en France, à l’aide de sa table de mixage 24 pistes. Ce n’est qu’à la sortie de l’hôpital qu’il commence à écrire ses textes. Des textes évocateurs, odes à la vie, à l’image du titre « Ry raiko o » (Merci Seigneur en français). « J’ai écrit ce titre à l’époque où j’ai vraiment cru que j’allais mourir, emporté par la maladie. J’aborde également des thèmes comme la famille et l’amour. Le rock est, pour moi, un moyen d’expression pour exprimer la force de mes sentiments. »

S’il ne pensait initialement pas à faire carrière, il y pense aujourd’hui de plus en plus, suite aux premiers retours du public. « Il y a une scène pop rock à Madagascar, mais beaucoup de personnes m’ont dit que j’apportais quelque chose de nouveau. Peut-être un son plus gonflé », commente-t-il. Un son plus « occidental dans les arrangements », mais développant toujours une profonde sensibilité malgache dans les compositions. Compositions qu’il entonne avec une voix qu’il travaille chaque matin en voiture pendant des 35 minutes de trajet pour aller à son travail. « Mon frère est professeur de chant dans un groupe de gospel, il me donne des conseils pour que je puisse entraîner ma voix de façon autonome. »

Déjà numéro 1

Grand fan de Johnny Hallyday, qu’il admire pour son charisme et la longévité de sa carrière, Jobily a étrenné son répertoire en public le 9 octobre dernier à Paris devant 1 500 personnes, à l’invitation du portail malgache Sobika. « J’ai été programmé en invité surprise et j’ai vraiment été étonné par l’accueil du public. Jamais je n’aurais cru que ça allait se passer comme ça. Ça a été un très grand succès », se souvient Jobily. Et ce n’était là qu’un avant goût de ce qui l’attend. Classé numéro 1 des titres les plus demandés sur la radio Vazogasy, il a également un deuxième titre classé à la troisième place du Top 20 des auditeurs. Jobily est, par ailleur, l’un des lauréats du concours du portail malgache Sobika et figure à ce titre dans la compilation Talents de Madagascar. Un clip tourne déjà depuis sur la chaîne RTA à Madagascar. D’ores et déjà attendu sur l’Île Rouge pour un concert événement, Jobily préfère d’abord asseoir sa popularité en France avant d’aller à la rencontre de ses fans, toujours plus nombreux, au pays.

Par Nyr Raymond

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