Plus de 800 athlètes africains sont engagés dans les jeux Olympiques d’été, dont la cérémonie d’ouverture a eu lieu ce vendredi à Londres. Cinquante trois des 54 Etats que compte l’Afrique sont représentés. Bien que limitées, les chances de médailles du continent restent significatives.
Toutes les nations africaines sont représentées aux 30e olympiades de l’ère moderne qui se sont ouvertes ce vendredi à Londres. A l’exception du Soudan du Sud, le dernier né des Etats africains. Le Comité olympique international impose un délai de deux ans pour enregistrer un pays et il n’a pas souhaité déroger aux règles. Le marathonien sud-soudanais Guor Marial, qui vit aux Etats-Unis, est l’unique représentant de son pays, mais il a défilé vendredi soir sous le drapeau… olympique.
Afrique du Sud, Egypte, Tunisie et Maroc : les plus fortes délégations
A l’opposé du Sud-Soudan, l’Afrique du Sud, avec ses 133 [[Ces chiffres sont ceux publiés sur le site officiel des JO de Londres ou fournis par les presses nationales.]] athlètes, constitue la plus forte délégation africaine. Son porte-drapeau n’est autre que Caster Semenya, vice-championne du monde sur 800 m. Un symbole pour l’athlète qui avait été soumise à des tests de féminité après ses performances en 2009. L’autre sensation sud-africaine, ce sera Oscar Pistorius. Surnommé « Blade Runner », le double amputé du tibia courra le 400m et le 4x400m parmi les valides grâce à ses prothèses en carbone. Une première pour laquelle il s’est battu. Pistorius n’avait pas obtenu gain de cause pour les Jeux de Pékin. Autre Sud-Africain à suivre : Sifiso Nhlapo, alias Skizo 105. Il a représenté neuf fois son pays aux championnats du monde de BMX et atteint la finale aux derniers JO. Le nageur Chad Le Clos, qui concourra dans quatre disciplines, est également un bon espoir de médaille pour la nation arc-en-ciel.
Après l’Afrique du Sud, l’Egypte est la nation la plus fortement représentée avec ses 112 athlètes qui ont été victimes d’une grosse mésaventure. Pour faire des économies, dans un pays qui subit de plein fouet les contrecoups socio-économiques de la révolution, leur comité les a équipés d’accessoires Nike et Adidas qui se révèlent être des contrefaçons. Les Egyptiens expliquent qu’ils ont fait appel à un distributeur chinois et ne se doutaient pas qu’il s’agissait de produits contrefaits. Peu importe, les sportifs égyptiens veulent donner du baume au cœur à leurs compatriotes. Notamment en matière de football où l’équipe A des Pharaons n’a pas été qualifiée pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations (CAN). La sélection égyptienne de football mise donc tout sur ces JO. « Le pays a besoin de retrouver le sourire», estime le footballeur Mohamed Aboutrika. Autre point de satisfaction pour les Egyptiens : la délégation olympique 2012 est celle qui compte le plus de femmes depuis que l’Egypte participe aux JO, soit 34. Aya Medany (pentathlon), Farida Osman (natation), Hesham Mesbah (Judo), Karam Gaber (Lutte ), Mohamed Salah (Football) et Tamer Salah (Taekwondo) seront les Egyptiens à suivre de près à Londres.
Les Tunisiens se sont aussi déplacés en masse pour ces JO de Londres. Ils sont 83 – c’est la plus forte délégation jamais envoyée par ce pays à des JO -, à défendre les couleurs de la Tunisie dans 17 disciplines. La natation, avec Oussama Meloulli qui participe à ses 4e Jeux consécutifs, pourrait permettre à la Tunisie de repartir avec des médailles. La vice-championne du monde du 3 000 steeple, Habiba Ghribi, et la championne d’Afrique de judoka, Houda Miled, constituent des espoirs de médaille. Pour la première fois dans l’histoire de la Tunisie, son porte-drapeau est une femme. Rym Zouaoui est une ancienne championne d’Afrique de natation et actuelle secrétaire générale adjointe du Comité national olympique tunisien (CNOT). Autre nation africaine qui débarque en force à Londres : le Maroc qui a été privée de deux de ses sportifs vedettes accusés de dopage. Soixante-quinze athlètes sont en compétition dans douze disciplines. Athlétisme, boxe et taekwondo sont les sports dans lesquels le royaume chérifien espère des médailles.
Kenyans et Ethiopiens : traditionnels pourvoyeurs de médailles
Le pays le plus peuplé d’Afrique est représenté par une équipe olympique, la « Team Nigeria », qui est composée de 53 sportifs. Blessing Okagbare, spécialiste du 100 m, porte les espoirs d’or de son pays. Tout comme le joueur de tennis de table Segun Toriola qui participera à sa 6e olympiade. A Pékin, le pongiste le plus titré du continent est devenu le premier Africain à atteindre les quarts de finales pendant des JO. Contrairement aux observateurs, les responsables sportifs nigérians estiment que la jeune Ogoke Agu (75kg) pourrait faire la différence. Elle est la seule femme de l’équipe de boxe.
Pour le Kenya (50) et l’Ethiopie (35), peu importe le nombre d’athlètes présents à Londres, ces pays sont les plus fortes chances de podiums du continent africain. Les rois de l’athlétisme mondial risquent encore de rafler beaucoup de médailles. A Pékin, le Kenya était reparti avec 14 titres contre 6 pour l’Ethiopie. La bataille des médailles est rude entre ces deux pays mais le Kenya a déjà pris l’avantage. Au centre de toutes les attentions kényanes, David Rudisha, champion du monde sur 800 m et détenteur du record du monde. Autre étoile de l’athlétisme kenyan : Mary Keitany qui a remporté le marathon de Londres en avril dernier. Attendus sur le 10 000 m et le marathon, les athlètes kényans pourront compter sur le soutien de leurs 200 000 compatriotes qui vivent en Grande-Bretagne. Du côté de l’Ethiopie, les stars sont celles du 5 000 et du 10 000, à savoir Tirunesh Dibaba, la double championne olympique dans ces deux disciplines, et son alter ego, le double champion olympique sur 10 000, Kenenisa Bekele. Sur 800 m, les Ethiopiens sont moins attendus mais Mohammed Aman, champion du monde en salle en titre, pourrait créer la surprise. Clin d’œil également à la jeune nageuse éthiopienne Yanet Seyoum Gebremedhin, 18 ans. Porte-drapeau de l’Ethiopie, elle participera à ses premiers Jeux et représentera, pour la première fois, la natation éthiopienne à des olympiades.
Le Cameroun sans Françoise Mbango
En termes de chiffres, l’Algérie, elle, n’est pas au mieux de sa forme. Trente-neuf athlètes sont en compétition à Londres contre 61 à Pékin. Les responsables olympiques algériens n’en sont pas pour autant inquiets. Ils comptent notamment sur Abdelhafid Benchabla, le champion du monde WSB (World Series of Boxing) et porte-drapeau algérien, la boxeuse Soraya Haddad (moins de 52 kg) et Toufik Makhloufi, champion d’Afrique du 800 m. Les Camerounais, eux, regretteront Françoise Mbango, double championne olympique de triple. Porte-drapeau du Cameroun et de ses 33 athlètes lors de la cérémonie d’ouverture, elle concourt cette année aux JO en tant que citoyenne française.
Le Sénégal, lui, compte sur une éminente ambassadrice parmi ses 32 représentants : Isabelle Sambou, sextuple championne d’Afrique de lutte féminine. Elle défendra les couleurs de son pays dans la catégorie des moins de 48 kg aux JO. Par ailleurs, le football sénégalais signe sa première participation aux JO. Le Gabon, le Maroc et l’Egypte sont les autres ambassadeurs du ballon rond africain et rêvent de suivre les traces du Nigeria et le Cameroun, médaillés d’or olympiques.
Adzo Rebecca Kpossi, la benjamine togolaise des JO 2012
Pour sa part, le Zimbabwe a les yeux rivés sur sa » fille en or », comme la surnomme le président Mugabe. La nageuse Kirsty Coventry risque encore de faire des étincelles dans l’eau. Elle détient le record mondial et le titre olympique sur 200 m dos. Benjamin Boukpeti a, quant à lui, offert au Togo sa première médaille à des JO, à Pekin. Avec sa médaille de bronze au canoë-kayak, il est devenu le premier Noir à remporter une médaille dans cette discipline. Il inspirera peut-être sa très jeune compatriote de 13 ans – elle est née le 25 janvier 1999 -, la nageuse Adzo Rebecca Kpossi. Engagée sur 50 m nage libre, elle est la benjamine des JO 2012, toutes disciplines confondues.
La Bostwanaise Amantle Montsho, spécialiste du 400 m et championne d’Afrique de la discipline, porte les espoirs de son pays. A l’instar de la Gabonaise Ruddy Zang-Milama. Elle était quart-de-finaliste aux Jeux de Pékin et demi-finaliste des championnats du monde en 2011 à Daegu (Corée du Sud). Son compatriote taekwondoïste Anthony Obame, champion d’Afrique des poids lourds, n’est pas à perdre de vue. Le Mali a également mis ses espoirs dans un taekwondoïste : le double champion du monde Daba Modibo Keita. Le Soudanais Ismail Ahmed Ismail, médaillé d’argent sur 800 m à la surprise de tous à Pékin, pourrait réitérer un autre exploit à Londres. Il avait apporté sa première médaille olympique à son pays. La Côte d’Ivoire en espère une également grâce à Murielle Ahouré, inscrite dans les épreuves de 100 et 200 m. En mars 2012, à Istanbul, elle est devenue vice-championne du monde en salles sur 60 m.
Des symboles et des rêves de médailles
Les Jeux, ce sont des performances mais aussi des symboles. La Libye, post-révolution, ne ratera pas le rendez-vous olympique, grâce à cinq athlètes, dont une femme. Sur 100 m, Hala Gezah défendra les couleurs de son pays. Enfin, la Somalie, qui ne dispose pas d’un Etat depuis 1991 et qui est en lutte avec les islamistes, participera aux JO 2012 grâce à la volonté d’athlètes – deux femmes et deux hommes – qui se sont entraînés dans de difficiles conditions.
Au total, le continent encouragera quelque 850 athlètes, dont la plupart sont inscrits en athlétisme et dans les sports de combats (arts martiaux, boxe et lutte). A Londres, les Africains ne devraient pas passer inaperçus.