Alors que les dates des Jeux olympiques et du Ramadan concordent cette année, de nombreux athlètes musulmans ont décidé de reporter leur jeûne afin d’être en forme. Cette décision, péché pour certains, choix personnel voire droit pour d’autres, n’en finit pas de faire parler.
Entre 3 000 et 3 500 musulmans, selon le Time Magazine, vont prendre part aux Jeux olympiques (JO) de Londres entre le 27 juillet et le 12 août. La capitale anglaise sera la première ville à accueillir les Jeux olympiques modernes pour la troisième fois. Voir la vidéo ci-dessous :
Sachant que le Ramadan peut avoir de graves conséquences sur la santé et les performances, beaucoup de compétiteurs ne jeûnent pas. Ceux qui suivront le jeûne devront quant à eux se lever vers 4 heures du matin pour manger et boire, avant de se priver jusqu’au soir. Dans ces conditions, difficile d’obtenir de bons résultats et de ramener des médailles. Saisir la chance de sa vie ou rester totalement fidèle à ses convictions religieuses, sans dérogation. Tel est le dilemme des athlètes.
Le judoka français Sofiane Milous, par exemple, ne le fera pas : « C’est un choix personnel, chacun pratique sa religion comme il le veut. Je ne jugerai les choix de personne, comme personne ne doit juger les miens », a annoncé le sportif au Figaro. Pareil pour le rameur britannique Moe Sbihi, mais offrira en échange 1 800 repas à des personnes défavorisées, selon The Daily Mail. La nageuse marocaine Sara El Bekri ou le Français Mahiedine Makhissi, ne feront pas non plus partie des jeûneurs. « Non, je ne vais pas le faire. Je le rattraperai plus tard», a déclaré ce dernier dans une interview au Monde.
Les jeûneurs : courageux ou inconscients ?
Pour permettre à leurs sportifs de participer aux JO dans les meilleures conditions, le Maroc ou Dubaï ont demandé aux responsables musulmans d’émettre des fatwas (avis juridiques) sur la question. Même si certains approuvent le report du jeûne pour cause de JO, ils sont une minorité.
C’est pour cette raison que certains athlètes ont fait le choix de respecter coûte que coûte le mois de Ramadan. Pour l’Algérien Mohamed-Khaled Belabbas, coureur du 3 000 mètres steeple, c’est clair : « Je ferai le Ramadan comme j’ai l’habitude de le faire. Ce n’est pas une nouveauté pour moi ». Pour l’Anglais Darren Cheesman, joueur de hockey, la volonté de respecter le Ramadan lui donne un « ascendant mental ». Certains athlètes ont donc décidé de faire primer leur pratique religieuse.
Suleiman Nyambui, secrétaire général de l’association tanzanienne d’athlétisme et ancien coureur, encourage d’ailleurs les athlètes dans ce sens. Aux JO de Moscou de 1980, il avait lui-même décroché en plein Ramadan une médaille d’argent sur le 5 000 mètres.
Toutefois, le docteur Hichame Moutaoukil, secrétaire général de l’Association Régionale de Médecine du Sport (ARMS) de Rabat, est catégorique : « Un sportif en plein effort a besoin de 250 mL d’eau toutes les vingt minutes. De ce fait, le jeûne est déconseillé aux compétiteurs ». À part tôt le matin, la pratique du Ramadan est en effet clairement incompatible avec les épreuves sportives de haut niveau.
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