Jeunesse nigériane et injustices dans « Coconut Head Generation »


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Alain Kassanda, réalisateur de
Alain Kassanda, réalisateur de "Coconut Head Generation" - Instagram : coconutheadgeneration

Dans un contexte où la jeunesse nigériane se retrouve souvent stigmatisée, le documentaire Coconut Head Generation d’Alain Kassanda apparaît comme un puissant cri de ralliement. En effet, ce film, qui a remporté le Grand Prix du Cinéma du réel en 2023, donne la parole à des étudiants engagés. Il illumine leurs luttes contre les injustices et les violences policières au Nigeria.

À travers le prisme d’un ciné-club à l’université d’Ibadan, Kassanda nous conduit dans un espace de réflexion politique et de créativité où la voix des jeunes est enfin entendue.

Un ciné-club comme espace de résistance

Le Thursday Film Series, ciné-club créé en 2020 à l’Université d’Ibadan, est le fruit d’une rencontre entre Alain Kassanda et un groupe d’étudiants passionnés. Ce lieu de rassemblement ne se limite pas à la projection de films. Il se transforme également en un véritable forum où les jeunes débattent de sujets importants. Il s’agit entre autres du patriarcat, de la gouvernance et de l’égalité des genres. Ainsi, dans un pays où les discussions politiques sont souvent étouffées, ce ciné-club devient une bouffée d’air frais et un lieu de résistance intellectuelle.

La réappropriation d’un stigmate

Le titre « Coconut Head Generation » illustre un phénomène complexe. Au départ, au Nigeria, l’expression « Coconut Head » est utilisée péjorativement pour désigner ceux perçus comme vides et bornés. Cependant, les jeunes Nigérians se réapproprient ce terme pour revendiquer leur détermination et leur engagement. En effet, ils se battent pour un avenir meilleur. Ils défient une génération ancienne qui monopolise le pouvoir et les empêche de s’épanouir. De ce fait, cette réappropriation est essentielle dans leur quête d’identité et de justice sociale.

Le rôle du cinéma comme outil de changement

Alain Kassanda, par ailleurs, démontre à travers son approche cinématographique comment le cinéma peut être un vecteur de changement social. En capturant les témoignages et les luttes de ces étudiants, il renverse les stéréotypes et montre une réalité souvent méconnue du Nigeria. Coconut Head Generation n’est pas seulement un documentaire. C’est aussi un acte politique qui vise à renouveler les représentations de la jeunesse nigériane et à sensibiliser le public international aux enjeux auxquels elle fait face.

Une voix citoyenne qui s’affirme

Enfin, le film révèle la colère d’une génération face aux violences policières et aux injustices sociales. Les événements tragiques, tels que le massacre du péage de Lekki en 2020, sont au cœur des discussions. Ils illustrent la nécessité d’une prise de conscience collective. Ainsi, les étudiants, unis par leur indignation, utilisent leur voix pour réclamer une meilleure gouvernance et la fin de la répression. Leur parole, initialement confinée à la salle de projection, trouve un écho puissant dans les rues.

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