Du 4 octobre au 31 décembre, le Musée de l’homme rend hommage à l’ethnologue et cinéaste Jean Rouch, à travers une exposition de ses photographies, inédites à ce jour. » Récits photographiques » nous plonge dans une tranche d’histoire de l’Afrique, ancrée dans celle de l’Europe.
Au contact de l’Afrique, il est atteint » d’ethnographite « , écrit-il. Infatigable » pérégrinateur « , Jean Rouch nous raconte, dans l’exposition » Récits photographiques » au Musée de l’homme de Paris, cette Afrique tant aimée, observée, qu’il a cueillie en images tout au long de sa vie. On connaissait l’ethnologue, le réalisateur inventeur du » cinéma-vérité « . On connaissait moins le photographe. La quarantaine de clichés exposés – sur les 20 000 légués au musée – emmènent le visiteur sur les pas de Jean Rouch, à la manière d’un carnet de route.
L’Afrique des grands travaux
En 1946, l’ingénieur des Ponts et Chaussées entreprend la descente du Niger en pirogue. Commence alors l’enquête sur les populations de pêcheurs sorko, sur les agriculteurs et les cultes de l’eau. Une rue au Nigeria, des marchands de pagnes au Niger, des pêcheurs Nupe…C’est l’Afrique à l’état brut que Jean Rouch photographie, une Afrique des années 40 qui ferait presque oublier la colonisation.
Le contraste avec les clichés des années 50 et 60 est frappant : le long de la côte atlantique, du Ghana à la Côte d’Ivoire, c’est la naissance des villes à l’occidentale, l’essor économique, l’Afrique des grands travaux. A ces clichés, se mêlent ceux, magnifiques et fébriles, des rituels de possession dans la religion des Songhay.
Parfois, au détour d’une phrase, d’une pancarte, on lit la marque de l’Europe que les Africains ont intégrée dans leur mode de vie. Comme celle-ci : » Il est rigoureusement interdit à toute personne étrangère de pénétrer dans ma chambre à coucher, sans aucune autorisation. »
» Jean Rouch, récits photographiques « . Du 4 octobre au 31 décembre 2000
Musée de l’Homme, 17, Place du Trocadéro – 75016 Paris