Le photographe et cinéaste Jean Rouch s’est tué, dans la nuit de mercredi à jeudi, au Niger, dans un accident de voiture. Le fameux ethnologue français, véritable amoureux du continent africain, avait 86 ans.
L’objectif de Jean Rouch restera fermé à jamais. Le photographe et cinéaste français est décédé, à 86 ans au Niger, dans la nuit de mercredi à jeudi, dans un accident de voiture. Jean Rouch se trouvait dans le pays à l’occasion d’une rétrospective du cinéma nigérien se déroulant du 14 au 22 février. L’ethnologue avait fait de l’Afrique son terrain de chasse favori. Il avait arpenté le continent pendant quatre décennies, à la recherche des plus belles perles africaines.
En 1946, l’ingénieur des Ponts et Chaussées entreprend la descente du Niger en pirogue. Commence alors l’enquête sur les populations de pêcheurs sorko, sur les agriculteurs et les cultes de l’eau. Une rue au Nigeria, des marchands de pagnes au Niger, des pêcheurs Nupe…C’est l’Afrique à l’état brut que Jean Rouch photographie, une Afrique des années 40 qui ferait presque oublier la colonisation.
L’Afrique au bout de l’objectif
Le contraste avec les clichés des années 50 et 60 est frappant : le long de la côte atlantique, du Ghana à la Côte d’Ivoire, c’est la naissance des villes à l’occidentale, l’essor économique, l’Afrique des grands travaux. A ces clichés, se mêlent ceux, magnifiques et fébriles, des rituels de possession dans la religion des Songhay.
Des tranches de vies africaines qu’il a couché plus de cent fois sur pellicule, pour le cinéma cette fois. C’est d’ailleurs surtout par le biais du Septième art que sa renommée s’est construite. Celui que certains surnommaient « le griot » a quitté la terre, mais le souvenir de ses œuvres exceptionnelles lui survivront, à n’en pas douter.