La demande de mise en liberté provisoire introduite par le Congolais Jean-Pierre Bemba a été rejetée mercredi par la Chambre du Conseil de Bruxelles, une juridiction d’instruction ayant pour tâche d’examiner la conformité de la procédure engagée contre l’accusé.
Arrêté samedi dernier à la demande de la Cour pénale internationale (CPI), l’ancien vice-président de la RD Congo, sera maintenu en prison en Belgique, jusqu’à son extradition vers les Pays-Bas, au siège de la CPI, qui l’accuse de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, commis entre 2002 et 2003 en territoire centrafricain.
La justice belge a intérêt que la procédure d’extradition soit conforme au droit international, parce que les avocats de la défense se saisiront de la moindre erreur pour exiger la libération immédiate de leur client.
Les avocats ont fait savoir qu’ils vont interjeter appel jeudi, devant la Chambre de mise en accusation, qui ne pourra pas se prononcer avant huit jours.
Les militants du Mouvement de libération du Congo (MLC, la formation politique de Jean-Pierre Bemba), venus nombreux au Palais de justice de Bruxelles, ont quitté les lieux avec une très grande déception.
Les intérêts belges attaqués en RDC
Dans les milieux politiques belges, on réalise que la Belgique n’a pas intérêt à garder trop longtemps l’ancien chef rebelle dont les partisans ont commencé à s’attaquer aux intérêts belges, notamment dans la province de Mbandaka où des bureaux d’ONG belges ont été attaqués à coups de pierres mercredi par les partisans de Jean-Pierre Bemba.
Ces violences pourraient s’étendre à Kinshasa, la capitale congolaise, où sont installés 3.000 Belges expatriés et où Jean- Pierre Bemba jouit d’une grande popularité.
Le fait que l’affaire Bemba survienne au même moment qu’une crise diplomatique ouverte entre Kinshasa et Bruxelles n’est pas pour apaiser la tension entre les deux pays.
L’extradition de Jean-Pierre Bemba vers les Pays-Bas pourrait être interprétée par les partisans de ce dernier comme une volonté de la Belgique de satisfaire le président Joseph Kabila, espérant ainsi pouvoir dénouer la crise diplomatique entre les deux pays.
Mais cette dernière crise perdurera tant que Karel de Gucht détiendra le poste de ministre des Affaires étrangères de Belgique.
En principe, Karel de Gucht deviendra commissaire européen l’année prochaine, selon les arrangements pris entre les partis politiques au moment de la formation de la nouvelle coalition gouvernementale.
L’autre hypothèse serait que la Belgique change de gouvernement à la faveur d’une crise politique interne, ce qui n’est pas exclu, le gouvernement actuel formé après 10 mois de tractations et dirigé par le Catholique flamand Yves Leterme étant très fragile.