L’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba est détenu au centre de rétention de la Cour pénale internationale à La Haye. Accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis en Centrafrique, il comparaîtra pour la première fois ce vendredi.
Il est devenu le quatrième détenu de la Cour pénale internationale (CPI). Jean-Pierre Bemba, l’ancien vice-président congolais, est arrivé mercredi à La Haye, où il rejoint trois autres de ses compatriotes, les chefs de milice Thomas Lubanga, Mathieu Ngudjolo Chui et Germain Katanga. Jean-Pierre Bemba, le leader du Mouvement de libération du Congo (MLC), est accusé de « viols, tortures, traitements dégradants, pillages et meurtres » commis par ses hommes en Centrafrique en 2002 et 2003. Son mouvement a apporté son soutien à l’ancien président Ange Félix Patassé, alors menacé par la rébellion du général François Bozizé, l’actuel chef de l’Etat centrafricain.
Le pied de nez de la justice internationale aux politiciens belges
Jean-Pierre Bemba est la première personne à avoir été interpelée dans le cadre de l’enquête lancée en mai 2007 par le CPI sur les évènements survenus en Centrafrique. L’ancien chef rebelle a été arrêté le 24 mai à Bruxelles, puis incarcéré à la prison belge de Saint-Gilles. L’un de ses avocats, Me Michel Mahieux, a demandé en vain sa remise en liberté à la Cour de cassation belge. Une demande motivée par les irrégularités constatées dans la procédure judiciaire. Avant son transfèrement réclamé par la CPI, le leader politique congolais a également appelé les Nations unies à la rescousse. Un autre de ses avocats, Me Aimé Kilolo Musamba, a annoncé qu’une requête serait introduite auprès de l’organisation internationale. L’argument avancé : « le Conseil de sécurité pourrait demander une suspension (de la procédure) envers une personne qui a beaucoup oeuvré pour la pacification » de son pays.
Candidat malheureux aux élections présidentielles de 2006 en République Démocratique du Congo, Jean-Pierre Bemba prend le chemin de l’exil début 2007 à la suite de violents affrontements entre ses hommes et ceux du président élu, Joseph Kabila. Il se réfugie au Portugal avec toute sa famille et se rend régulièrement en Belgique. Selon Colette Braeckman, la journaliste du quotidien belge Le Soir, l’arrestation du chef de MLC s’est faite à l’insu des autorités politiques belges qui le soutiennent. « Son arrestation (…), à son domicile de Rhode-Saint-Genèse, obtenue grâce à la collaboration entre la CPI et les autorités judiciaires belges, sans que le pouvoir politique en soit informé, fut (…) une surprise totale », ecrit-elle.
Au moment de son interpellation, Jean-Pierre Bemba devait apparemment se rendre dans son pays où « venait d’être voté (son) statut de chef de l’opposition qui lui aurait octroyé (celui) de ministre d’Etat et une réelle immunité ». L’immunité, un spectre qui s’éloigne de plus en plus de Jean-Pierre Bemba.