Jean-Pierre Bemba, le leader du Mouvement de libération du Congo, s’est envolé ce mercredi pour le Portugal. Officiellement pour raison médicale alors qu’une information judiciaire en cours pourrait déboucher sur son inculpation pour « haute trahison ».
Le leader du Mouvement de libération du Congo (MLC), Jean-Pierre Bemba, a quitté mercredi, Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo pour le Portugal. Il était accompagné de son épouse et de ses cinq enfants. Il doit se faire soigner, officiellement, pour une ancienne fracture à la jambe dans ce pays où il dispose d’une résidence. Privé de sa garde rapprochée qu’il a refusé d’intégrer à l’armée régulière, jugeant insuffisant les 12 policiers affectés à sa sécurité par décret présidentiel, son départ s’apparente à un exil politique. Sa demande de quitter le pays, motivée par des raisons sanitaires, a obtenu une réponse favorable après une quinzaine de jours. L’autorisation officielle a été délivrée par le président du bureau provisoire du Sénat, André Mueshi Kuongo, contre la promesse de l’opposant de de n’avoir « aucune activité politique » au Portugal. Elle lui garantit de ne pas perdre son siège de sénateur de Kinshasa. Toute absence non autorisée à plus d’un quart des séances d’une session mettant automatiquement fin au mandat. La seule sanction à laquelle Jean-Pierre Bemba est désormais exposée pourrait être d’ordre judiciaire. Il fait l’objet d’une information judiciaire pour « haute trahison ».
L’exil pour échapper à d’éventuelles poursuites judiciaires
L’accusation fait suite aux meurtriers affrontements des 22 et 23 mars entre sa milice et l’armée régulière. Leur déroute a conduit Jean-Pierre Bemba a trouvé refuge (le 22 mars) dans l’enceinte l’ambassade sud-africaine à Kinshasa. Son transport jusqu’à l’aéroport, où son avion a décollé à 2h00 (heure locale) pour Lisbonne a d’ailleurs été effectué par les Casques bleus de la Mission des Nations Unies en RDC (Monuc). C’est la deuxième fois dans sa tumultueuse vie politique que le leader du MLC est contraint à l’exil. Il y avait été déjà forcé le 17 mai 1997 après le renversement du président Mobutu, régime grâce auquel son père, l’homme d’affaires Jeannot Bemba Saolona a fait fortune. Un an plus tard, le chef du MLC s’engagera dans la rébellion contre Kabila père, soutenu par l’Ouganda. L’accord intercongolais de 2002 fera de lui l’un des quatre vice-présidents de ce pays qui n’a connu ses premières élections démocratiques qu’en octobre 2006. Candidat malheureux à la magistrature suprême, Jean-Pierre Bemba ne semble pas s’être remis de sa défaite en dépit de ses multiples déclarations dans lesquelles il a affirmé vouloir travailler de concert avec Joseph Kabila, le président congolais. Son départ devrait permettre à l’opposition congolaise de s’organiser et de jouer sa partition dans la nouvelle RDC.