Jean-Paul II est mort


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Jean-Paul II s’en est allé. L’annonce officielle a été faite ce samedi. Si le monde et surtout la communauté catholique s’attendaient au décès du souverain pontife, après une longue agonie, il n’en demeure pas moins que la tristesse est grande surtout en Pologne, son pays natal. Celui qui a voulu se mettre au service des plus pauvres restera dans l’histoire comme l’un des plus charismatiques successeurs de Saint Pierre.

Jean-Paul II s’en est allé. L’annonce officielle a été faite ce samedi. Si le monde et surtout la communauté catholique s’attendaient au décès du souverain pontife, après une longue agonie, il n’en demeure pas moins que la tristesse est grande surtout en Pologne, son pays natal. Celui qui a voulu se mettre au service des plus pauvres restera dans l’histoire comme l’un des plus charismatiques successeurs de Saint Pierre.

La Pologne pleure l’un de ses plus célèbres fils. L’Eglise catholique pleure son Pape. Et le monde, un homme d’exception. Jean-Paul II, ardent défenseur des plus pauvres, s’en est allé dans sa 85è année (il est né le 18 mai 1920). Le cardinal Camillo Ruini, vicaire de Rome et président de la conférence épiscopale italienne, s’est acquitté de sa triste mission : celle d’annoncer la mort du souverain pontife à des milliers de catholiques affligés par cette annonce. Eux qui, tout en priant pour lui depuis le début de son agonie, vendredi dernier, s’apprêtaient à entendre cette mauvaise nouvelle. L’attentat perpétré contre lui en 1981, la maladie – notamment celle de Parkinson – et la vieillesse auront finalement eu raison d’un pape dont le monde, chose exceptionnelle, a assisté, par le biais des médias, aux multiples accidents de sa vie de pape et, minute après minute, à sa lente et douloureuse agonie. Car Jean-Paul II a été un homme de communication. C’est lui qui prendra l’initiative de faire publier ses bulletins de santé.

Controversé et admiré, conservateur et moderne

Pasteur infatigable, le Saint-Père aura participé, à travers ses multiples voyages (plus d’une centaine en 27 ans de pontificat), ses différents encycliques et pléthore de discours, à faire connaître le point de vue du Vatican dans le monde. Un point de vue qui n’aura pas toujours fait l’unanimité. Mais peu importe, Jean-Paul II laisse une empreinte indélébile dans l’histoire contemporaine. Karol Wojtyla est né à Wadowice dans le diocèse de Cracovie en Pologne. Il y sera baptisé le 20 juin 1920, ordonné prêtre le 1er novembre 1946, nommé évêque en 1958, puis archevêque en 1964 et enfin cardinal en 1967. Le Saint-Père sera élu le 16 octobre 1978, devenant ainsi le premier pape non italien depuis 455 ans.

Que retiendra le monde de ce pape dont le charisme fut sans précédent ? Quand il arrive aux affaires au Vatican, sa principale mission est de restaurer une Eglise catholique fortement mise à mal par le concile Vatican II. Pour y parvenir, le pape s’appuie, selon François Houtart [[ Directeur du Centre Tricontinental et de la revue Alternatives sud en Belgique]], sur « une solidité doctrinale redéfinie, un code moral sans faille et une autorité se voulant indiscutable, au service d’un projet conservateur sur le fond et modernisé dans la forme. » [[Le Monde diplomatique, juin 2002, pages 10 et 11]]. De fait, le pape restera très conservateur en matière de morale et de sexualité. Il est (évidemment) contre l’avortement, la contraception, le divorce ou encore l’euthanasie. Cette attitude se ressentira aussi dans le taitement des questions relatives à l’émancipation des femmes. Dans la même optique, on lui reprochera certaines de ses prises de position, notamment dans le cadre de la lutte contre le sida en Afrique.

Un charisme sans précédent

Mais plus que tout, Jean-Paul II est celui que la Pologne, sa mère patrie, considérera toujours comme l’icône de sa libération pour son combat contre le communisme et son soutien sans faille au mouvement Solidarnosc. On retiendra de lui également son combat pour la paix. Il s’oppose notamment à la guerre du Golfe et reconnaît comme légitime le droit des Palestiniens à disposer d’un Etat. Yasser Arafat a été d’ailleurs reçu par le Saint-Père. Au total, chaque fois que Jean-Paul II a donné son avis sur les conflits majeurs qui ont secoué notre époque, il a toujours délivré un message de paix et de pardon. Et dans ce domaine, lui qui a pardonné à l’homme qui a failli mettre fin à ces jours, savait de quoi il parlait.

Dans un régistre plus économique, le pape s’est également prononcé en faveur de l’annulation de la dette des pays pauvres notamment ceux d’Afrique. Un continent où le souverain pontife était beacoup apprécié. Partout en Afrique, où il s’est rendu 15 fois, on s’est joint aux prières du monde entier pour accompagner le pape dans son agonie. Celui que l’Américaine Jo Renee Formicola, professeur de sciences politiques, désigne comme un « politicien prophétique » aura pleinement joué son rôle de guide spirituel de la communauté catholique et apporté une contribution majeure au rapprochement œcuménique.

Un véritable guide spirituel

Jean-Paul II partage, en effet, avec elle sa dévotion à la Vierge Marie. « Totus tuus » – Tout à toi Marie – est sa devise épiscopale. Ce qui ne l’empêche pas de souligner la place centrale du Christ dans la foi catholique. Au lendemain des fêtes pascales, faire un parallèle entre la souffrance de la maladie et sa douloureuse agonie et le chemin de croix de Jésus semble inévitable. « Vous qui souffrez dans votre corps et votre esprit, je vous souhaite à tous de savoir reconnaître et accueillir l’appel de Dieu, à être des artisans de paix par l’offrande de votre souffrance. Il n’est pas facile de répondre à un appel aussi exigeant. « , dira le pape. Et à l’instar du Christ, son calvaire a débuté un vendredi.

Jean-Paul II qui croyait beaucoup en la vie, celle-là même, qu’insuffle la jeunesse à l’Eglise a fini par être rappelé à Dieu, ce samedi 2 avril 2005. Sans manquer d’adresser un dernier message à ces jeunes qui l’aimaient tant, lui le premier pape de toute une génération. Le souverain pontife était, en effet, un hôte très attendu des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) dont il fut l’instigateur en 1985. « Le prélat sportif et l’ancien travailleur des usines Solvay à Cracovie, l’amateur de théâtre et le moraliste de l’Université catholique de Lublin, le prêtre à la spiritualité mystique et le pasteur des Carpates », comme l’a décrit François Houtart, n’a laissé en tout cas personne indifférent. Celui qui a préparé les termes de sa succession avec minutie conduira-t-il, au travers de sa disparition, le Saint-Siège à une seconde révolution à travers la nomination d’un pape originaire du Sud ? Personne ne peut se prononcer aujourd’hui sur cette question. Cependant, une chose est certaine : le souvenir de Jean-Paul II restera longtemps vivace, non seulement dans le cœur du milliard de fidèles catholiques, mais aussi du reste du monde.

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