Ils sont un peu partout à travers la capitale sénégalaise, mais peu de gens font souvent attention à eux, malgré l’énorme travail qu’ils abattent tous les jours pour prendre soin de la nature à Dakar. Ils sont souvent jeunes et amoureux de cette nature généreuse. Ce métier est certes lucratif, mais a besoin de l’accompagnement de l’État et aussi des défenseurs de la nature, pour rendre la ville de Dakar encore plus belle, plus verte et agréable à vivre.
Plantes ornementales et florales, arbres fruitiers, fleurs, accessoires de jardins, balcon et terrasse…, les jardiniers-paysagistes ont une grande expérience dans le domaine. Dans le milieu depuis 2010, Matar Sène, originaire de la région de Diourbel (centre du Sénégal), évoque avec AFRIK.COM son métier, notamment son attachement aux plantes, depuis tout petit. Il aurait d’ailleurs appris le métier auprès de son frère aîné, qui a également reçu des connaissances au sein de leur famille. L’homme d’une trentaine d’années n’a pas fait l’école française, il n’a appris que le coran, avant de s’adonner à ce noble travail. Trouvé en train d’arroser ses plantes au petit soir de ce jeudi 9 décembre, il nous révèle les multiples facettes du jardinage au Sénégal et plus particulièrement à Dakar.
« Ce travail est un métier noble. Je suis toujours ravi quand je vois mes plantes pousser. J’éprouve une une grande satisfaction en m’occupant de ces arbres, car je suis conscient que nous contribuons à sauvegarder la nature. L’homme ne peut pas vivre sans un environnement sain. Raison pour laquelle nous tentons quelque part de jouer notre partition dans l’amélioration de cet environnement. Ce n’est pas un métier facile, car nous dépensons beaucoup d’argent avant de commencer à en tirer profit. Il faut creuser un forage pour un coût de 350 000 FCFA, avant de penser acheter les arrosoirs. Nous achetons nos graines, qui proviennent généralement de la Côte d’Ivoire, pour ensuite les faire pousser au Sénégal », raconte Matar Sène.
Ce trentenaire n’a pas manqué de soulever les nombreuses difficultés rencontrées dans ce travail, liées très souvent aux endroits adaptés pour faire ce travail. « Nous rencontrons beaucoup de difficultés. Actuellement, nous avons un problème d’emplacement. C’est la Mairie qui nous désigne l’endroit où nous pouvons nous installer, ici à Dakar. Nous négocions avec les autorités et payons, chaque mois, entre 3 000 et 6 000 FCFA, proportionnellement à l’espace attribué. En plus de ces différents frais, il nous faut également commander les pots et les sachets pour les semis et les bouturages. Sans compter le fumier et autre engrais qu’il faut acheter pour mieux faire pousser les plantes, mais aussi les pesticides pour lutter contre les insectes nuisibles », a-t-il ajouté en guise de complainte.
Même son de cloche chez Malick Thiaré, qui tient lui aussi un jardin à côté, avec son frère. « Durant la période de froid, nous rencontrons d’énormes difficultés pour arroser nos plantes comme il faut. Nous avons une moto pompe dans notre jardin et nous dépensons 2 000 FCFA et parfois plus, rien que pour payer l’essence. Mais, Dieu merci, nous arrivons à nous tirer d’affaires, grâce la commercialisation de nos plantes. Parfois, les choses ne sont pas faciles. Car nous pouvons rester deux jours, sans voir l’ombre d’un client. Il nous arrive parfois de faire des recettes journalières qui vont au-delà de 25 000 FCFA », confie l’homme tout fièrement.
Quant aux prix des plantes, ils ne sont pas fixes et dépendent de certains facteurs, comme l’explique le jardinier-paysagiste Malick Thiaré. « Le prix des plantes varient, en fonction de l’espèce, de la variété, de la taille et d’autres paramètres. Elles coûtent entre 5 000 et 300 000 FCFA. Par exemple, le palmier de Bismarck que nous importons de la Côte d’Ivoire, peut coûter jusqu’à plus 300 000 FCFA », a-t-il indiqué.