Jacques Chirac présidait aux destinées de la République française depuis 12 ans. Il a annoncé ce dimanche 11 mars 2007 qu’il ne sera pas candidat à sa propre reconduction. Pour l’Afrique aussi, une page se tourne.
Le suspense n’était pas immense. Le discours fut à la hauteur de l’événement. Jacques Chirac a donc annoncé ce dimanche 11 mars 2007, peu après vingt heures, au cours d’une allocution radio-télévisée, qu’il ne serait pas candidat à sa propre reconduction.
C’était donc le moment de tirer à la France sa révérence pour celui qui l’a gouvernée pendant 12 ans, et qui a eu la lourde charge de négocier le basculement dans le XXIème siècle, les suites des attentats du 11 septembre 2001 et le développement la guerre américaine contre le terrorisme…
Or au moment de lâcher les rênes, Jacques Chirac ne semble pas si serein qu’on pouvait s’y attendre. Il fait en effet au pays, outre une longue et vibrante et répétée déclaration d’amour, une série de recommandations qui méritent qu’on s’y arrête.
Rejet de toute tentation extrémiste
Lorsqu’il condamne l’extrêmisme, il condamne aussi « les tentations » du racisme, de l’exclusion, du rejet de l’autre. Que pense-t-il donc de la suggestion que vient de faire Nicolas Sarkozy de confier le traitement des dossiers d’immigration à un Ministère de « l’identité nationale »?
Valeurs de rassemblement et d’unité nationale
Lorsqu’il en appelle aux valeurs de rassemblement qui fondent la République et qu’il revient sur les fondamentaux du « pacte social » qui résume et définit la nation française, son discours évoque plus celui de François Bayrou que celui de son Ministre de l’Intérieur.
Importance de la paix et rôle de la France dans le monde…
Lorsqu’il évoque le rôle que la France doit avoir ailleurs dans le monde pour défendre les valeurs de la paix et de la démocratie, pense-t-il vraiment qu’il soutient Nicolas Sarkozy, l’homme qui alla dire à Washington et sur les campus américains qu’il avait honte d’être français quand il constatait que les soldats français n’étaient pas présents en Irak…
Le vrai drame de Jacques Chirac ne tient pas aux rendez-vous ratés, ni aux attentes déçues dans le peuple français… Il a été un Président engagé, pour la France, sur la scène internationale, sur les trois grands thèmes qui domineront la lecture rétrospective que les historiens feront de notre époque : la guerre américaine contre le terrorisme, l’accroissement rapide des inégalités dans le monde, et la dégradation sensible de l’état écologique de la planète.
Le départ d’un homme seul
Pour cela, et pour cela seul, il laissera une trace dans les mémoires. Il aura été ce que la France fait de mieux, dans le concert des Nations, interpréter la voix de Cassandre et appeler à la sagesse et à la responsabilité.
Mais ce qui apparaissait surtout dans ce discours testament, et qui provoquait l’émotion, c’est que Jacques Chirac ne laissera derrière lui dans la classe politique française aucun héritier, aucun disciple, aucune fidélité, aucune allégeance. A droite, l’héritage est déjà capté, et l’héritier plante allègrement, depuis plusieurs années, ses banderilles dans le dos du président sortant. Le droit d’inventaire a déjà joué, le passif est dressé et c’est tout juste si la succession sera acceptée. Rien à attendre de la relève, elle l’enfonce!
Et il se peut que l’histoire, qui sculptera pour l’éternité les contours de son aventure personnelle, soit lente à lui rendre justice… Au moment où Jacques Chirac rendait son tablier aux Français, une insondable et bizarre émotion planait. Un peu comme si le président était aussi venu demander pardon… De laisser la France avec de tels prétendants.