Jacob Zuma a une quatrième épouse depuis le 21 avril. Un nouveau mariage du chef d’Etat sud-africain loin de faire l’unanimité auprès de ses concitoyens qui n’ont pas manqué de critiquer son train de vie.
Jacob Zuma assume sa polygamie. Le président de l’Afrique du Sud a épousé le 21 avril sa fiancée Bongi Ngema qui devient ainsi sa quatrième épouse. Le chef d’Etat zoulou a célébré cette union entouré de 1 500 convives lors d’une cérémonie traditionnelle dans son village natal de Nkandla, dans l’Est du pays.
C’est torse nu, habillé d’un cache-sexe et un bouclier zoulou à la main que le dirigeant a officialisé son mariage. Une décision qui a marqué les esprits à l’étranger. En Afrique du Sud, la Constitution autorise la polygamie dans le cadre du mariage coutumier, mais elle n’est pas reconnue par le droit commun. Cette nouvelle union n’a pas été accueillie à bras ouverts par l’opinion publique. Et à la presse de commenter : « Zuma va se marier – encore ! », « Espérons que ce soit le dernier », a écrit The Sunday Times. « Zuma se marie encore – sixième mariage pour le président », a titré le City Press.
Selon l’éditorialiste du quotidien The Sowetan, le plus gros problème avec ses mariages est que le contribuable paye une partie des dépenses, dénonçant le message « peu exemplaire » envoyé par le président Zuma dans un pays où la sexualité à partenaires multiples a fait du lit le sida. Pour taire la polémique, la présidence a envoyé un communiqué assurant que Jacob Zuma « paierait la fête de sa poche et que sa quatrième épouse ne serait pas logée par l’Etat ». La présidence a aussi pris la peine de préciser que « les épouses n’étaient pas rémunérées par l’Etat et que les frais de bouche et d’éducation des enfants ne relevaient pas du denier public ».
Lucy Holbron, directrice de recherche à l’Institut sud-africain, estime que ce communiqué ne change rien. « La ligne officielle est que cela ne coûte pas plus cher à l’Etat que le président ait plusieurs épouses mais si l’on regarde les chiffres, la facture a augmenté », d’après elle. En réalité, le budget alloué aux épouses du président est estimé à deux millions de dollars. Il aurait quasiment doublé l’année qui a suivi l’arrivée au pouvoir de Jacob Zuma en 2009 : « cela ajoute à cette image de gâchis d’argent public par le gouvernement et c’est probablement le principal problème que cela pose, bien plus que la polygamie ».
Les frasques de Jacob Zuma
Jacob Zuma a en tout célébré six mariages. En plus de ses quatre épouses actuelles, il a également été marié à Nkosazana Dlamini-Zuma, candidate pour briguer la présidence de l’Union africaine (UA), avec laquelle il a divorcé en 1998. Il était également uni à Kate Mantsho-Zuma avant qu’elle ne se donne la mort en 2000. Selon les rumeurs, le président sud-africain aurait vingt-et-un enfants. Mais ces derniers ne seraient pas tous issus de ses unions. Les frasques du dirigeant avaient défrayé la chronique suite à la révélation en 2010 du South Africa’s Sunday Times qui avait affirmé que Jacob Zuma a eu un enfant en dehors du mariage. Agé alors de soixante-sept ans, il avait dû reconnaître qu’il a eu une petite fille avec Sonono Khoza, la fille de l’ex-président du Comité local d’organisation (LOC) de la Coupe du monde de football, un mois après son cinquième mariage le 4 janvier 2010.
Le comportement du président avait été jugé dangereux par plusieurs membres de l’opposition. « Son comportement nuit au message de son propre gouvernement concernant le sida, qui prône la sexualité sans risques. Or, le président continue à pratiquer sans préservatif », avait déclaré le leader du Parti démocrate africain chrétien (ACDP), Kenneth Meshoe. En 2006, Jacob Zuma avait fait aussi l’objet d’une polémique après avoir été acquitté du viol d’une jeune femme séropositive. Mais il avait suscité l’indignation en affirmant qu’après le rapport non protégé il avait pris une douche pour diminuer les risques de contracter le VIH.
Malgré les critiques à son encontre, Jacob Zuma est un polygame décomplexé. Il a toujours défendu la polygamie. Réagissant à une observation d’un participant lors d’un panel du Forum économique mondial (WEF) de Davos, qui avait estimé que la polygamie représentait « symboliquement un grand pas en arrière », le président sud-africain a répondu : « Cela dépend de quelle culture vous venez ». Selon lui, « les gens interprètent les cultures de manière différente. Certains pensent que leur culture est supérieure à celles des autres, c’est un problème que nous connaissons dans le monde ».
En Afrique du Sud, « nous menons une politique qui dit que vous devez respecter la culture des autres. C’est ma culture. Cela ne retire rien à mes convictions politiques et à toutes sortes de choses, y compris ma conviction de l’égalité des femmes. Le problème survient quand des gens (…) pensent que leur propre culture est la seule valable (…), la seule acceptée par Dieu », avait déclaré Jacob Zuma. Le dirigeant a même précisé qu’il réservait le même traitement à toutes ses épouses, provoquant un fou rire dans la salle. Jacob Zuma semble épanoui dans ses unions qu’il revendique. Ce n’est pas le cas de tous ses concitoyens qui sont nombreux à rêver à de meilleures conditions de vies.