Le peintre algérien M’hamed Issiakhem revit grâce à Internet. Un site web lui est consacré au grand bonheur de tous les amateurs d’art. Une exposition permanente d’un artiste à la vérité éclatée.
L’Algérie indépendante a connu trois grands peintres : Mohamed Khadda, Baya, M’hamed Issiakhem. Les trois ont été scarifiés, ignorés par la culture officielle. Issiakhem a vécu le détournement de ses idéaux, des grands principes de la révolution algérienne comme un drame. D’où ses colères, l’éclatement de sa peinture. Les autorités faisaient appel à lui quand elles avaient besoin d’émettre de nouveaux billets de banque ou des timbres postaux. Car le peintre était aussi miniaturiste. L’enfant d’Azzefoun a commencé sa carrière en 1949. Très vite, il trouve sa voie dans l’abstrait. Dans la laideur éclatée. Une forme explosée. Ses autobiographes feront le parallèle avec l’enfant Issiakhem qui a perdu son bras en jouant avec une grenade.
Explosion artistique
« Je l’ai vu, plus d’une fois, finir une toile en quelques heures, pour la détruire tout à coup, et la refaire encore, comme si son oeuvre aussi était une grenade qui n’a jamais fini d’exploser dans ses mains. En détruisant son oeuvre, dans un suprême effort de tension créatrice, comme pour briser le piège ultime de la beauté, le peintre viole ses propres formes, car le démon de la recherche le pousse toujours plus loin », confiait son ami Kateb Yacine. Sa peinture, déformation des formes et explosion de couleurs, est un poème à l’esthétique écorchée. Ses œuvres se rapprochent plus de la douleur, d’une souffrance infinie, que d’une harmonie paisible, apaisante.
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L’initiative de la création d’un site consacré à Issiakhem est une forme de justice pour ce peintre du déséquilibre. Un artiste porté aux nues à l’étranger et -bizarrement- ignoré dans son pays. Allez vite faire un tour à l’exposition. Vous ne le regretterez pas.
Visiter le site de M’hamed Issiakhem