Apport de l’électronique dans une musique traditionnelle qui sait tout de même le rester, Issa Bagayogo sublime, avec son premier album CD, toute l’âme d’un Mali authentique.
À entendre son surnom, « Techno Issa », il serait bien légitime de craindre le pire en matière de création artistique pour le Malien Issa Bagayogo. Dans un pays très attaché à sa culture, on imaginait sans peine une musique traditionnelle massacrée par les « boum boum » abrutissants de boîtes à rythme débiles. C’est au contraire une très heureuse surprise qui nous attend à l’écoute du premier album CD d’Issa.
Un album tout en finesse, tout en simplicité où les samples (bruitages ou instruments enregistrés rajoutés à la musique) ne sont là que pour se fondre et renforcer des productions qui gardent une profonde authenticité.
L’électronique au service de la tradition, le résultat est d’une surprenante sensibilité. Pas Judas pour un sous, Issa ne trahit pas, loin s’en faut, l’âme musicale malienne. Natif du même village que Nahawa Doumbia, l’artiste pose tranquillement sa voix sur des morceaux où l’on peut entendre également le son discret de son doux kamalé n’goni (la guitare traditionnelle malienne).
Un travail d’équipe
Avec plus de 20 000 albums vendus (en K7), le succès est immédiat au Mali. Pour autant, le chemin du succès n’aura pas toujours été facile pour Issa dont les deux premières K7 en 1991 puis en 1993 n’avaient pas convaincu grand monde.
Ce sera Yves Wernert qui propulsera Issa vers les sphères où il gravite aujourd’hui. L’ingénieur du son français, de chez Mali K7, séduit par la base musicale du chanteur, le contacte et lui ouvre les portes des potentialités d’un mixage électro. D’abord sceptique, ensuite comblé, Issa devait finir par enregistrer l’album dont nous louons ici la qualité. Un album simple et tout simplement beau.
Pour commander le disque Sya, de Issa Bagayogo, chez Cobalt/Africolor (1999)
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