Le gouvernement israélien a approuvé » à l’unanimité » dimanche l’immigration de 20 000 Ethiopiens d’origine juive. Sont notamment concernés 17 000 Falashmoras, Juifs éthiopiens convertis de force au christianisme au 19ème siècle, que l’Etat hébreu refusait jusqu’ici d’accueillir.
Israël relance l’immigration des juifs éthiopiens. Le gouvernement a approuvé, dimanche, l’immigration de 20 000 Ethiopiens d’origine juive. » Le gouvernement s’est prononcé à l’unanimité sur cette question à la suite d’une proposition soumise par le ministre de l’Intérieur Elie Yshaï et une commission ministérielle sera bientôt sur pied pour mettre en oeuvre cette décision « , a déclaré Tova Ellinson, la porte-parole du ministre. Des émissaires d’Etat et des représentants du rabbinat devraient bientôt se rendre en Ethiopie pour mettre en place le dispositif de départ des immigrants.
Sont concernés 17 000 membres de la communauté des Falashmoras, juifs éthiopiens convertis de force au christianisme au 19ème siècle – laissés de côté lors du grand rapatriement de Falashas (Ethiopiens d’origine juive) de 1984 – et 3 000 autres Falashas disséminés à l’intérieur de l’Ethiopie. La dernière vague d’immigration massive de Falashas remonte à 1991. Israël avait alors organisé un pont aérien, permettant à 15 000 personnes de fuir les combats de la guerre civile.
Droit au retour
Pendant longtemps, l’Etat hébreu a refusé de faire venir les Falashmoras sous prétexte qu’ils ne pouvaient pas prouver leur judéité. La situation s’est débloquée suite aux déclarations du rabbin Ovadia Yosef du parti Shas (qui défend les intérêts des Sépharades), qui a affirmé que les Falashmoras avaient été christianisés de force. » Ils ont vécu une double vie « , a expliqué Itzik Sudri, porte-parole du Shas au quotidien Ha’aretz. » Vivant comme des chrétiens à l’extérieur mais préservant à l’intérieur d’eux leur culture juive. »
En janvier dernier, 3 000 immigrants éthiopiens ont manifesté devant le bureau du Premier ministre, Ariel Sharon, pour lui demander d’accepter la venue de leurs familles et de leurs proches, même si ceux-ci ne pouvaient pas justifier de leur appartenance à la religion juive. Faisant valoir » le droit au retour » qui permet, selon la loi israélienne, aux juifs du monde entier d’obtenir automatiquement la nationalité israélienne.
Ô jeunesse ennemie
La décision de dimanche a été critiquée par le ministre de l’Habitat, Natan Sharansky, jugeant le plan d’Elie Yshaï » problématique et motivé par des raisons politiques « . Ariel Sharon, qui souhaite accueillir 1 million d’immigrés avant la fin de la décennie pour faire face à la croissance de la population arabe, semble effectivement avoir trouvé dans la population juive d’Ethiopie une des alternatives à la fin de l’exode des Juifs de l’ex-Union soviétique.
Quelque 80 000 Falashas vivent aujourd’hui en Israël, dont 40% ont 19 ans ou moins. Ils représentent en grande majorité l’une des franges les plus pauvres de la société, vivant dans des localités populaires périphériques des grandes villes. Malgré des progrès significatifs enregistrés dans les années 90, notamment dans le domaine de l’éducation et de l’intégration au sein de l’armée, un grand nombre de Falashas ne maîtrise pas l’hébreu (75% ne sait ni lire ni écrire la langue, selon les statistiques de l’Institut JDC-Brookdale de Jérusalem). Le pourcentage de personnes au chômage est largement supérieur dans leurs rangs que dans le reste de la société israélienne, notamment chez les femmes et les hommes de plus de 45 ans.