Pour tous ceux qui ont suivi les bouleversements et périodes révolutionnaires d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient après les printemps arabes et les transitions démocratiques l’horizon semble encore s’assombrir. Quelles perspectives pour 2013 ?
2013 correspondent aux 20 ans des Accords d’Oslo, aujourd’hui ou en sont les Israéliens et Palestiniens ?
Morts et enterrés. Voilà comment sont présentés aujourd’hui les Accords d’Oslo, première négociation directe et donc historique entre Palestiniens et Israéliens avec de facto la reconnaissance de l’Organisation de Libération de la Palestine avec à sa tête Arafat. La figure charismatique du leader au keffieh Abu Ammar Yasser a en effet très longtemps été considérée comme chef d’une organisation terroriste par l’état hébreu et les Etats-Unis.
20 ans après l’espoir suscite au sein de cette région, l’idée d’un Moyen-Orient en paix, développé et vivant en sécurité n’est pas d’actualité. Elle parait presque chimérique. On vous traite gentiment d’utopiste, de fou-rêveur si l’on n’ose ne serait-ce qu’évoquer le mot de Paix dans les rues de Tel-Aviv, Ramallah ou Jérusalem. Les réactions sont nettement moins bienveillantes à Naplouse, Hébron, Netanya ou Ashdod…
La paix régionale par la résolution du conflit central n’a pas été réalisée. Les Accords d’Oslo c’était aussi l’euphorie et l’idée qu’une Paix est possible, qu’on s’acheminait vers la reconnaissance de l’Etat d’Israël au cœur du monde arabe et d’une normalisation de sa présence d’un cote et de l’autre la reconnaissance de la légitimité de la revendication nationale des Palestiniens sans terre et ayant connu les affres du statut et de la condition de refugies chez eux et chez leur « frères arabes ».
Aujourd’hui, au sein des populations arabes et au sein de la société israélienne, ceux qui évoquent ces Accords le font de façon nostalgique…
En 2013, on ne verra pas la naissance de l’Etat Palestinien. D’aucuns se diront que j’ai dû passer à cote de la déclaration d’Indépendance de l’Etat de Palestine, al Dawla comme cela apparait désormais sur les entêtes des institutions palestiniennes mais aussi les passeports et carte d’identité. Et pourtant au quotidien la Palestine n’existe pas.
La Palestine existe en puissance, en théorie, sur le papier.
Dans la réalité, la Palestine est et sera encore un état sous occupation militaire israélienne. Le jour même de la Déclaration d’Abbas à l’Assemblée Générale de l’ONU si vous vouliez vous rendre à la place centrale de Ramallah Al-Manara vous deviez passer par le check-point de Qalandia vous rappelant que si ce vote est historique il ne change rien, strictement rien aux conditions de vie quotidienne des Palestiniens en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. En 2013, leur vie sera encore sous dépendance, en suspens.
En 2013, on craint une 3eme Intifada. Crise économique, gel des salaires, grèves à répétition, augmentation du rythme de la colonisation, absence totale d’avancées sur le plan diplomatique, voici les ingrédients qui feront craindre le pire en Palestine. La rue palestinienne est lasse, et ne croit ni au Hamas ni au Fatah ni a l’Autorité Palestinienne pour résoudre ses crises au quotidien de transport, d’éducation, de déplacement.
Au 23 janvier, après les résultats des élections israéliennes qui verront la victoire de Netanyahou et le renforcement de la droite extrémiste avec la figure charismatique et extrêmement dangereuse de Naftali Bennet et de son parti « Israël, Foyer des Juifs » appelant à l’annexion de 60% de la Cisjordanie, le pire est à venir.
Les deux derniers soulèvements populaires en Palestine ont eu pour résultat de renforcer les conditions d’occupation par Israël annexant toujours plus de territoires en Cisjordanie.
En 2013, malheureusement on continuera petit à petit à tuer la solution des deux états paraissant au regard des aspirations nationales de chacun des peuples et aux fosses les séparant la plus plausible. L’état unique comme certaines voix le réclament ne serait rien d’autre qu’un état d’apartheid a l’heure actuelle.
Pourtant en 2013 les solutions sont toujours les mêmes et les acteurs aussi. Obama, Netanyahou, Abbas avec une Autorité Palestinienne qui devra être capable de se réconcilier avec son pire ennemi, Hamas lui laissant de fait plus de responsabilités au Hamas avec l’aide et les efforts du Président Morsi. Voici le casting presque inchangé capable de changer la donne sur le terrain.
En 2013, la rue arabe continuera de faire la Une de nos TV. Syrie, Egypte, Tunisie, Jordanie, Yémen entre autres feront l’objet de toute l’attention des analystes et medias. On avait prédit la chute de Bachar en 2012, après 22 mois de conflit, après 60 000 morts d’une guerre civile souvent indéchiffrée il est encore présent mais une chose est sure il ne fera désormais plus parti du paysage du monde arabe et comme Ben Ali ou Mubarak, ou Kadafi finira en exil ou tue par les siens.
2013 viendra conforter une idée sur laquelle tous nous pouvons accorder: Plus aucun leader arabe ne pourra compter sans la rue ou la foule arabe qui aussi peu structurée soit elle peut encore faire reculer un Morsi nouvellement élu.
En 2013, comme beaucoup de jeunes vivant, travaillant au Moyen-Orient et ayant de fortes attaches familiales, amicales, politiques, je continuerai à militer et à œuvrer comme ces millions de jeunes qui se rassemblent sur la place Tahrir, manifestent dans les rues de Tunis, se révoltent contre leur quotidien a Tulkarem ou Jenin, écrivent et dénoncent sur leur blog les inégalités au sein de leur société.
En 2013, au Moyen-Orient et l’Afrique du Nord nous serons toujours plus nombreux à espérer.
Par Samia HATHROUBI