La proposition de deux lois contre la normalisation des relations avec Israël faite par cinq groupes parlementaires marocains fait polémique au sein de l’Etat hébreu. Le gouvernement et la presse israélienne s’inquiètent. Certains médias considèrent ces propositions comme étant antisémites.
Les deux projets de loi proposés début octobre par cinq groupes parlementaires marocains dans le but d’interdire l’établissement d’une normalisation des relations avec Israël inquiète l’Etat hébreu. Alors que ces propositions semblent trouver un écho favorable dans le royaume, le gouvernement et la presse israélienne s’inquiètent de ce ralliement inattendu des principaux partis marocains autour de l’adoption de ces lois.
Dans leurs éditions du vendredi 22 et samedi 23 novembre, les quotidiens israéliens Haaretz, The Jewish Daily Forward et Timeforisrael.com mettent l’accent sur l’improbabilité de voir ces projets de loi arriver à terme. Les journaux rappellent les relations d’amitié qu’entretiennent les deux pays. Le Maroc est une « des nations les plus amicales envers Israël dans le monde arabe », écrit Haaretz.
Le lobby juif marocain s’active
D’apparence, cette loi ne semble pas inquiéter la communauté juive marocaine, car d’après le président de la communauté juive de Marrakech-Essaouira, l’initiative des cinq groupes parlementaires « n’a pas la moindre chance d’être adoptée à la Chambre des représentants », assure-t-il, selon Yabiladi.
Le représentant juif affiche sa pleine sérénité, et affirme même que « le Roi ne le permettra jamais ». Ce dernier estime à 45 000 le chiffre annuel de touristes israéliens au Maroc. Il met en garde contre un projet « irrationnel » qui aura des répercussions sur le coût financier de ces propositions de loi, si elles venaient à être adoptées.
Des propositions antisémites ?
Le co-président de l’European Jewish Parliament, Joel Rubinfeld, a également condamné ces projets de loi estimant qu’elles étaient une « menace » pour « l’ouverture du Maroc sur Israël ». « On ne doit pas laisser le radicalisme prendre le dessus sur nous », a-t-il ajouté.
Les propos les plus intenses ont été prononcés par la chaîne d’information anglophone Jewish News One qui a qualifié d’ « antisémites » ces projets de loi comme l’indique le reportage vidéo ci-dessous :
Prison et amende contre les « normalisateurs »
Pour rappel, ces propositions prévoient entre 2 à 5 ans d’emprisonnement à l’encontre des « normalisateurs » et des amendes pouvant atteindre un million de dirhams, soit presque 100 000 euros. Les lobbys islamistes et panarabistes étaient parvenus à convaincre cinq formations politiques au Parlement. La première proposition a été ralliée par le principal parti au pouvoir, le PJD, ainsi que le PPS, l’USFP et l’Istiqlal (opposition). La deuxième proposition est une initiative propre du PAM.
Ces projets de loi visent à renforcer l’arsenal juridique contre les « échanges commerciaux », « financiers », « bancaires » et « les opérations d’assurances » avec Israël. Ces restrictions concernent également « la participation de Marocains ou de résidents au Maroc dans des activités », tenues dans l’Etat hébreu. Dans la ligne de mire des députés : la culture, la politique, le sport et l’économie.
Cette interdiction affecte, aussi, les rencontres organisées au Maroc. La présence des Israéliens, selon cette proposition de loi, y est strictement interdite.