Les 65 derniers Falashas sont arrivés mardi en Israël. Cet événement marque la fin du programme « Loi Retour » initié il y a 30 ans par les autorités israéliennes et qui garantissait à chaque juif une place dans l’Etat hébreu. Pourtant, il resterait des juifs – les Falash Mura– reconvertis au judaïsme, à qui l’on refuse l’accès à la Terre Promise.
Tous les Falashas sont de retour en Terre Promise. L’Agence juive, qui gère les flux migratoires vers Israël, affirme que les derniers juifs d’Ethiopie autorisés à s’installer dans l’Etat hébreu ont atterri à l’aéroport Ben Gourion d’Israël mardi matin. En provenance d’Addis Abeba, la capitale éthiopienne, l’avion transportait 65 hommes et femmes Falashas ou Beta Israël (famille d’Israël). Ces personnes, d’origine juive et vivant en Ethiopie, ont été autorisées, en vertu de la « Loi Retour », à venir s’installer en Israël et à y acquérir la citoyenneté israélienne. Leur arrivée marque officiellement la fin d’un programme engagé il y a 30 ans et qui a permis le rapatriement d’environ 120 000 juifs Ethiopiens. Deux grandes vagues successives d’immigration, au milieu des années 1980 puis en 1991, ont permis à 9 000 puis à 14 300 juifs d’Ethiopie de venir vivre en Israël.
Pourtant, il resterait quelque 8 700 autres juifs Ethiopiens, les Falash Mura, dont l’immigration – alya – pose problème. La Loi Retour garantit en effet à chaque juif une place dans l’Etat hébreu. Pour les descendants des juifs qui se sont convertis au christianisme il y a plus d’un siècle afin de se protéger des discriminations religieuses, avant de revenir au judaïsme, il en va autrement. Les Falash Mura ne sont pas reconnus comme de « vrais » juifs par Israël. En 2003, des quotas ont été établis, permettant l’émigration de 300 d’entre eux chaque mois. Mais depuis, le ministère israélien de l’Intérieur a décidé de suspendre l’alya des Falash Mura.
Difficile intégration pour les juifs d’Ethiopie en Terre promise
Certains considèrent pourtant que l’immigration des juifs d’Ethiopie ne sera achevée que si tous – Falashas et Falash Mura – regagnent la Terre Promise. Les autorités israéliennes, elles, craignent un afflux de migrants sans réelle relation avec le judaïsme. D’autant qu’il est difficile d’établir avec certitude l’ascendance juive des Falash Mura. Certains Ethiopiens qui souhaitent émigrer vers Israël par intérêt économique se font d’ailleurs souvent passer pour ces juifs reconvertis au judaïsme. Après le tollé soulevé par la récente décision de fermer ses frontières aux Falash Mura, le ministère israélien de l’Intérieur a finalement accepté de procéder à une vérification au cas par cas, notamment dans le cadre d’un regroupement familial.
Néanmoins il est tout aussi difficile d’arriver en Terre Promise que d’y vivre. Le rêve exaucé des Falashas tourne souvent au cauchemar. Mal intégrés, ils se heurtent à de nombreux obstacles socio-économiques. Le choc culturel, pour ces populations majoritairement rurales, est violent lorsqu’il s’agit de s’intégrer à une société urbaine et moderne. Ceux qui y parviennent sont majoritairement cantonnés dans des emplois peu valorisants (nettoyage, travaux, bâtiment…). Beaucoup vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le gouvernement israélien a mis en place des centres d’accueil et d’intégration pour faciliter la transition. De plus, la fin annoncée du processus d’immigration devrait permettre de réaffecter le budget alloué aux rapatriements à l’amélioration des conditions de vie des plus pauvres d’entre eux. L’horizon s’éclaircit aussi pour les plus jeunes. Ils apprennent l’hébreu dès leur arrivée. Même si échec scolaire et délinquance sont souvent au rendez-vous à cause de la précarité de leurs parents, leur insertion est plus aisée grâce à la maîtrise de la langue de leurs ancêtres.