Au Maroc, le ramadan commence aujourd’hui. Coran uniformisé, contrôle des mosquées, salariat et formation des imams par l’Etat… Face à la montée du radicalisme musulman, le royaume chérifien a décidé de prendre les choses en main et de moderniser l’Islam. Le point sur les réformes majeures entreprises sous le règne de Mohammed VI.
La volonté d’une politique religieuse indépendante est véritablement propre au Maroc. Dès son accession au pouvoir le 30 juillet 1999, le roi Mohammed VI, qui a le titre de Commandeur des Croyants, a mis sur pied une série de réformes visant à contrer la menace fondamentaliste en modernisant l’Islam. Dernière en date : l’édition d’un million d’exemplaires d’un « Coran uniformisé ». Il n’y a qu’un seul texte sacré dans tous les pays musulmans mais il arrive souvent que les annotations où les commentaires changent d’une édition à l’autre. La moitié de ces exemplaires « uniformisés » ira aux 50 000 mosquées du pays, un tiers aux pays d’Afrique de l’Ouest et le reste aux lieux de culte fréquentés par les résidents marocains à l’étranger.
La refonte du champ religieux
Cette spécificité d’un « islam marocain », ouvert et tolérant luttant contre l’extrémisme a été renforcé après les attentats de Casablanca du 16 mai 2003. Depuis cette date, plusieurs mesures ont été prises. Parmi elles, salarier près de 45 000 imams via un programme gouvernemental lancé en juin 2009 pour un coût de 200 millions de DH. Recenser les mosquées et les entretenir faisait également partie de ce programme qui a été renforcé suite à l’effondrement de la mosquée de Meknès le 19 février 2010 (un évènement qui a suscité la colère de la population). Mardi dernier, les autorités ont d’ailleurs annoncé la fermeture de 1256 mosquées présentant des risques d’effondrement afin de les rénover.
L’éducation coranique a aussi subi son lot de réformes. Une des priorités du régime est de moderniser les cursus d’enseignement islamique, unifier leurs programmes et assurer leur ouverture sur les autres disciplines. Le Maroc contribue également à donner une place plus importante à la femme. Même si elles n’ont pas le droit de diriger la prière, en avril 2006 ont été nommées les premières femmes imams « mouchidates ».
Se déclinant en réformes touchant les différents domaines du champ religieux marocain depuis une décennie, ces initiatives montrent que la sphère religieuse demeure un chantier fondamental dans le projet sociétal conduit par le roi. Comme l’illustre le récent démantèlement d’une cellule terroriste, cette politique, associée aux nombreux efforts de la police semble porter ses fruits : le Maroc n’a plus connu d’attentats depuis 2007.
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