A 31 ans, la Sénégalaise Isabelle Sambou, quintuple championne d’Afrique, a décroché une nouvelle médaille d’or lors de la 30ème édition des championnats d’Afrique de lutte Olympique chez les moins de 55kg, samedi au stadium Marius Ndiaye de Dakar. Au-delà de la passion, la lutte est pour la jeune femme un moyen d’accéder à l’indépendance financière.
Isabelle Sambou n’est pas de celles qui estiment que la lutte est un sport réservé aux hommes. Elle a décroché samedi la médaille d’or de lutte olympique libre aux 30èmes édition des championnats d’Afrique de lutte, organisés au Sénégal, face à la tunisienne Kali Trabelsi, au stadium Marius Ndiaye, à Dakar. Après avoir été sacrée championne d’Afrique cinq fois, dont l’année dernière en Egypte, elle était attendue au tournant pour ce combat. Déterminée à gagner, elle a prouvé une nouvelle fois qu’elle est la meilleure. « Tout est une question de technique et de stratégie, selon elle. Avant chaque combat, j’étudie toujours bien mon adversaire ».
Pourtant, rien ne prédestinait la championne originaire de Ziguinchor à un tel destin. « J’ai commencé à faire de la lutte à l’âge de 10 ans. Au départ, c’était juste pour m’amuser. Un jour un entraineur m’a repérée et m’a dit que j’avais des atouts pour l’équipe nationale, que j’ai intégrée 8 ans plus tard », raconte-t-elle. Très vite, elle a une attirance particulière pour la lutte libre « qui, selon elle, se pratique en salle et implique tout le corps pour faire tomber son adversaire. Alors que la lutte traditionnelle sénégalaise exige que les adversaires combattent dans une arène. Le cache-sexe est la seule tenue autorisée ». C’est pour éviter que ses attributs féminins soient exposés au public qu’elle a pris la décision de ne pas s’orienter vers la lutte traditionnelle.
La lutte est mon gagne-pain
Cette histoire d’amour qu’elle entretient avec la lutte n’est pas toujours vue d’un bon œil au Sénégal. Elle admet que « s’engager dans ce sport en tant que femme n’est pas facile car il faut parfois faire face aux critiques de certaines personnes qui estiment que les femmes sont plus utiles ailleurs ». Mais Isabelle Sambou n’a que faire de leurs reproches. A 31 ans, elle assume totalement sa féminité dans ce milieu très masculin. Elle estime que « le sport est fait pour tout le monde, aussi bien pour les hommes que les femmes ». « La lutte est mon gagne- pain. J’y mets tout mon sérieux car c’est un travail qui me permet d’aider ma famille au quotidien. Je m’assume ainsi financièrement et ne dépend de personne », assène-t-elle.
Pour survivre dans cette discipline, « il faut, selon elle, beaucoup de courage, tant les entraînements sont rudes ». « Je m’entraîne trois fois par jour lorsque je prépare les championnats. Je me lève à 5h30 du matin pour courir, je fais une pause à 7h pour le petit déjeuner. A 10h, je reprends l’entraînement en salle jusqu’à 13h. J’y reviens à nouveau à 16h, jusqu’à 19h30 ». Un programme qu’elle suit à la lettre du lundi au dimanche.
Consciente qu’une carrière sportive est éphémère, elle prévoit de se réorienter vers le commerce, lorsque l’aventure arrivera à son terme. « Je prie chaque jour pour que le Bon Dieu me donne un bon mari, car je rêve de fonder une famille », confie-t-elle. La preuve, si besoin était, que l’enchaînement des combats n’a pas eu raison de sa féminité.