Après avoir lancé une procédure de poursuites contre le rappeur Freeze Corleone, le ministre français de la justice, Éric Dupond-Moretti, vient d’être invité sur un tout autre débat, notamment sur sa supposée séparation avec sa compagne Isabelle Boulay. Que se passe-t-il au juste ?
L’affaire fait grand bruit, en France notamment. Isabelle Boulay séparée de son amoureux, Éric Dupond-Moretti, ministre français de la Justice, garde des Sceaux. Quel genre de séparation ? En tous les cas, des rumeurs de rupture ont vite émergé sur la Toile, avec pour conséquences de faire sortir de ses gonds le garde des Sceaux.
L’opportunité d’un plateau de l’émission « On est en direct » sur France 2, en date du 26 septembre, a été saisie par l’avocat Éric Dupond-Moretti, pour apporter des précisions sur ces rumeurs qui se faisaient de plus en plus pressantes. « C’est des espèces de sites crapoteux, des réseaux où les gens ne signent pas, alors la séparation c’est parce qu’elle est retournée là-bas (…) », s’emporte la robe noire.
Convaincu qu’« on joue avec les mots », Me Éric Dupond-Moretti tente de clarifier : « Je vais vous dire, je viens de l’avoir y a 10 minutes, alors, Isabelle, puisque c’est de ça que vous voulez me parler, d’abord elle vous salue chaleureusement… Elle est en concert ce soir. Elle est à Ottawa, ce soir, dans un endroit qui s’appelle La colline parlementaire ». Des précisions de taille certes, mais qui laissent les plus sceptiques sur leur faim. Rendez-vous est donc pris avec le temps.
Cet épisode intervient alors que le ministre français de la Justice est au cœur d’une autre affaire, qui a mis la France sens dessus dessous, un moment. Il s’agit de l’affaire Freeze Corleone, du nom du rappeur français, qui avait tous les projecteurs braqués sur sa personne, pour des chants jugés « antisémites », par certains qui, apparemment, sont allés très vite en besogne.
Une petite affaire… d’Etat
Faisant fi des principes élémentaires de liberté d’expression, surtout qu’il s’agissait de chanson, mieux de rap, certains ont lancé la traque contre le jeune musicien, au point de vouloir jeter toute sa carrière à l’eau. Valérie Benaïm, Roselyne Bachelot, Gérard Darmanin, Éric Dupond-Moretti… avaient lancé la chasse à l’homme contre le rappeur, dont ils comptaient visiblement anéantir la carrière musicale.
« Apologie du nazisme et du terrorisme ». Des termes d’une rare gravité juste pour une chanson. L’affaire prit une portée incroyablement grande au point où Universal Music France, le label du rappeur, craignant de subir les retombées de cette affaire, décide de tourner le dos au rappeur. Gérard Darmanin, ministre français de l’Intérieur, avait, en effet, personnellement décidé de faire recours à la Justice.
Lors de son passage devant le Parlement français, Roselyne Bachelot a salué la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), et fait savoir que l’ensemble du gouvernement français était mobilisé pour faire face à cette affaire. La ministre française de la Culture avait annoncé que le procureur de la République avait été saisi dans le cadre de cette affaire. Ce qui indiquait qu’il pourrait y avoir des conséquences judiciaires pour Freeze Corleone.
Prenant la balle au rebond, le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a dénoncé que « l’imaginaire est le dernier refuge de la liberté et l’art est un espace formidable de liberté », menaçant que « l’art ne pouvait être le paravent permettant, en toute impunité, la haine et l’apologie du nazisme ». Eric Dupont-Moretti haussa le ton, dénonçant que la musique ne peut être un prétexte pour déverser « des tombereaux d’insultes antisémites qui donnent envie de vomir ».
Le sort de Freeze Corleone était alors scellé. Lundi 21 septembre 2020, date retenue pour supprimer la carrière du jeune chanteur de toutes les plateformes de streaming (Spotify, Deezer, Apple Music, YouTube, etc.). La plateforme Deezer passe à l’acte en supprimant deux des chansons du rappeur, « S/O Congo Part.2 » et « Bâton Rouge ». Les clignotants de la vie même du chanteur venaient d’être… forcés au rouge.
Fin de la récréation !
Il aura fallu un virage de la Licra, qui avait porté cette affaire, avec la sortie de la chroniqueuse Valérie Benaïm, qui trouvait que « …les textes de ce garçon me touchent au cœur parce que je suis Juive, de religion juive. Mais je pense qu’il parle de l’humanité parce que quand on touche à un noir, un juif, un musulman, on touche à l’humanité. Donc voilà, je pense que ce type-là est abject et je lui dis dans les yeux : ‘tu n’es qu’une merde’ », pour changer la donne.
En homme pondéré, au sens de la mesure, capable de distinguer le bien du mal, Myra Durden, un fan de Freeze Corleone, réussit à camper le débat. « C’est un artiste, c’est quelqu’un qui travaille. C’est un des rappeurs les plus techniques et il est applaudi pour sa technicité. C’est pour ça que tout le rap français l’a soutenu. C’est quelqu’un qui aime bien être dans le borderline », a alerté Myra Durden. Propos qui ont ramené Valérie Benaïm, et bien d’autres, à la raison.
« J’ai écouté quatre ans de son travail. Et effectivement vous avez raison, il pointe du doigt beaucoup d’autres choses que la communauté juive ou la Shoah. Mais à partir du moment où il faut aller sur Rap Genius pour voir une explication de texte d’une chanson, tout le monde ne va pas voir l’explication de texte et il y en a qui vont juste la recevoir », a reconnu Valérie Benaïm, sonnant ainsi la fin de la récréation.
Roselyne Bachelot, Gérard Darmanin, Éric Dupond-Moretti semblent avoir repris le boulot. Surtout en cette période de pandémie du Coronavirus, où il y a plus urgent que des propos d’un rappeur. En attendant, dans quelques mois, le retour du Canada d’Isabelle Boulay, qui devrait se produire en France, en décembre prochain.