Intervention en Libye : une option qui ne doit pas rester théorique


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Le 11 mars 2011, le Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne (UE) s’est réuni à Bruxelles pour traiter des événements se déroulant actuellement en Libye et des bouleversements qui touchent depuis plusieurs semaines le monde arabe.

A l’issue de la réunion, bon nombre de questions sur la résolution des Européens à agir en cas d’aggravation de la situation libyenne sont restées en suspens. De même, à la lecture du communiqué final du Conseil, la capacité de l’Union européenne à renouveler sa stratégie globale à l’égard des pays de la rive sud de la Méditerranée reste plus que jamais incertaine…

L’organisation à Paris d’une réunion des ministres des Affaires étrangères du G8, les 14 et 15 mars 2011, montre que l’affaire libyenne et le défi jeté par le colonel Kadhafi à l’ONU, aux puissances occidentales ainsi qu’aux instances régionales (Ligue Arabe et Conseil de Coopération du Golfe, notamment) devraient mobiliser les efforts de la Communauté internationale dans les jours et les semaines à venir.

Le 11 mars 2011, les États membres de l’UE ont longuement insisté sur l’urgence de la situation en Libye, en condamnant « les répressions violentes » menées sous l’autorité et le contrôle du colonel Kadhafi. Malgré les réticences exprimées par un certain nombre de dirigeants, une intervention des États européens – dans le cadre des instances euro-atlantiques (UE et OTAN) et en bonne intelligence avec leurs partenaires régionaux –, afin d’apporter un soutien concret au Conseil national transitoire (CNT) et à l’opposition libyenne, est une option qui ne doit pas rester théorique.

Si le Premier ministre britannique David Cameron a appelé à examiner des sanctions pétrolières contre la Libye, c’est aussi la question d’un engagement militaire qui doit être envisagée, en appui des autres acteurs internationaux, comme l’a rappelé le Conseil. Dans la perspective du G8 aujourd’hui réuni à Paris, on peut donc s’attendre à d’intenses négociations entre les puissances occidentales et la Russie, avec en toile de fond l’aggravation de cette guerre civile libyenne qui se déroule dans les approches méditerranéennes de l’Europe.

Compte tenu des informations qui parviennent de Libye sur la progression continue des troupes restées aux ordres du colonel Kadhafi, l’alternative devant laquelle se trouvent les Occidentaux ainsi que les autres pays susceptibles d’agir est la suivante : intervenir rapidement pour contribuer à inverser le cours des choses ou accepter de facto le retour en force du colonel Kadhafi tout en cherchant à l’isoler diplomatiquement. En lieu et place d’une Libye en route sur la voie des réformes, la logique de l’embargo en fera un Etat-paria.
Concernant l’approche européenne à plus long terme dans le Bassin méditerranéen, la question de la stratégie et des outils à mettre en oeuvre demeure incertaine. On ne relève, de la part du Conseil, que l’annonce d’une réflexion sur l’Union pour la Méditerranée et la volonté d’améliorer l’efficacité des programmes européens et leur coordination.

C’est bien faible. Le simple passage en revue du contenu de la boîte à outils ne suffira pas et le renouvellement des situations impose une réflexion d’ensemble sur les différents aspects de la relation euro-méditerranéenne en allant au fond des choses.

Pour l’Europe et ses approches géographiques ainsi que l’ensemble du Bassin méditerranéen, les enjeux sont multidimensionnels et hautement stratégiques. Ils posent la question des approches précédemment adoptées et de leur pertinence. Le processus de Barcelone, la mise en place de la Politique européenne de voisinage et le lancement de l’Union pour la Méditerranée n’ont pas permis de développer l’«arc de paix, de stabilité et de prospérité » mis en avant par la Stratégie européenne de sécurité adoptée par l’UE en 2003.

La diversité des situations géopolitiques et des processus à l’oeuvre dans les différents pays requiert des politiques plus sélectives visant à promouvoir la libéralisation et l’ouverture de pays volontaires plutôt qu’une rhétorique unitaire axée sur une « idée méditerranéenne », guère en phase avec les réalités et les dynamiques.

L’Institut Thomas More établira dans les prochaines semaines sa vision stratégique pour l’engagement des Européens en Méditerranée, au vu des bouleversements politiques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

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