Il était aux commandes de la République française en janvier 2013 lorsque le Mali, menacé par la poussée djihadiste, a appelé au secours. C’est donc lui qui avait autorisé le déclenchement, le 11 janvier 2013, de l’opération Serval. Si au départ, cette intervention avait permis de repousser un temps l’avancée des djihadistes, elle a fini par s’enliser. 10 ans plus tard, François Hollande en parle.
En 2013, le Président français décida de donner une suite favorable aux sollicitations pressantes du Président malien par intérim, Dioncounda Traoré. Ce dernier demandait expressément au dirigeant français d’intervenir militairement dans son pays pour contrer l’avancée djihadiste qui menaçait tout le territoire. Contrairement à sa position officielle selon laquelle la France ne prendra part à des opérations de maintien de la paix ou de protection des populations que si une résolution des Nations Unies les autorise, François Hollande ordonne le déclenchement de l’opération Serval. Au bout d’un certain temps, Serval sera remplacée par Barkhane qui sera présente au Mali pendant près de 10 ans avant de se retirer. Complètement décriée par l’immense majorité de la population malienne.
La France a agi par « devoir de solidarité »
Dans une interview accordée à RFI et France 24, ce mercredi, l’ancien Président français, François Hollande, parle de l’intervention de son pays au Mali. L’ancien dirigeant ne regrette rien. « La décision que j’ai prise au nom de la France, en janvier 2013, je ne l’ai pas prise parce que la France avait quelque intérêt au Mali. Je l’ai prise parce qu’il y avait une demande du Président par intérim du Mali à l’époque et de la totalité des chefs d’État africains qui nous imploraient même d’agir pour repousser une offensive djihadiste qui allait sans doute jusqu’à Bamako », commença François Hollande.
L’ancien chef d’État a poursuivi sur la même lancée en martelant que la France n’est restée au Mali que sur l’insistance des autorités maliennes, d’une part, et de la communauté internationale, d’autre part. Sans oublier le fait que dans la même période, l’ONU avait décidé d’envoyer une mission de maintien de la paix en territoire malien. L’action de la France au Mali était alors exclusivement humaniste, exclusivement mue par la volonté de sauver les populations civiles maliennes qui étaient la cible des terroristes. La France a donc agi par « devoir de solidarité », à en croire François Hollande.
Les 59 soldats français morts sont donc tombés pour la bonne cause de générosité, d’humanisme et d’altruisme. « Ils ne sont pas venus pour chercher quelque intérêt économique, pour des intérêts miniers, pour faire une prédation sur les ressources du Mali ou du Burkina Faso ou du Niger. Il n’y a eu rien en échange, pas d’avantages commerciaux, de demande de concession pour telle ou telle infrastructure, rien. C’était sans contrepartie, parce qu’il n’y avait pas besoin de contrepartie, parce que nous étions unis solidaires et amis ».
François Hollande vs Charles de Gaulle
Le discours de l’ancien Président français qui, au fond, n’a pas changé sur la question, depuis des années, est très beau. Si beau qu’il risque de faire rougir d’émotion l’Africain à la peau la plus sombre. Cette vérité de François Hollande heurte, en effet, violemment une autre vérité attribuée à un monument de l’histoire politique française, le général De Gaulle : « Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ». Cette autre vérité qui, pourtant, paraît plus réaliste, semble battue en brèche par François Hollande.
Tant et si bien que l’on pourrait être amené à arguer que de De Gaulle à Hollande, la pensée politique guidant l’action des dirigeants de l’État français a donc sensiblement évolué pour que l’intérêt qui – on le sait bien – guide le monde cède la place à l’altruisme, la générosité pure, l’action absolument désintéressée de la France dans un pays qui plus est une ancienne colonie. En clair, les énormes ressources financières, matérielles et humaines investies par la France dans l’intervention au Mali l’ont été sans rien en retour. Au nom de l’amitié et de la solidarité entre États.