Pendant que la France tente de convaincre l’ONU de donner son feu vert à une intervention au Nord-Mali, l’Algérie plaide pour une solution politique.
Une véritable course contre la montre a lieu entre Paris et Alger. Alors que la France cherche le soutien de l’ONU pour une intervention militaire au nord du Mali, l’Algérie tente de convaincre ses voisins qu’une issue politique est préférable pour le Mali. Le ministre algérien des Affaires africaines, Abdelkader Messahel a clôt ce mardi à Niamey, la capitale du Niger, une tournée sahélienne.
Que ce soit en Mauritanie ou au Mali, son discours fut le même à chaque étape : dialoguer pour trouver une solution à la crise malienne. Une manière pour Alger de prouver son implication dans le dossier malien et de contrôler les décisions prises à ce sujet. Dans un même temps, le secrétaire d’Etat adjoint américain chargé de l’Europe, Philip Gordon, a annoncé le soutien de Washington à Paris en cas d’une éventuelle intervention militaire au Sahel.
Alger, l’incontournable
La tournée du ministre algérien affiche clairement la position de l’Algérie de vouloir jouer un rôle important dans la résolution du conflit. Elle souhaite surtout ne pas être mise sur le banc de touche au moment même où la France s’active à l’ONU. La communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a annoncé être prête à intervenir, d’autant plus que le Mouvement de libération national de l’Azawad (MNLA) a réaffirmé ses intentions de l’indépendance de ce territoire presque entièrement désertique situé dans le nord du Mali.
Une situation compliquée pour Alger qui, désormais, redouble d’efforts pour faire contrepoids face à l’activisme de la France et de la Cedeao. D’ailleurs, comme le rappelle RFI, Abdelkader Messahel n’a pas cherché à rencontrer le dirigeant de l’organisation ouest-africaine lors de sa tournée. Il était accompagné du patron des renseignements extérieurs, le général Lallali, qui s’est longuement entretenu avec des responsables militaires maliens.
Lors de cette tournée ouest-africaine, le discours d’Alger, bien connu depuis le début du conflit, n’apporte toutefois aucune solution concrète : « Il ne faut pas laisser le territoire à des armées étrangères qui risquent de commettre des exactions et d’exacerber les tensions communautaires », « Il faut privilégier la négociation, et une solution entre Maliens, voire éventuellement avec les pays voisins ». L’Algérie a de nouveau encouragé Bamako à discuter avec le MNLA et Ançar Dine et isoler Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest). Elle s’est dite prête à combattre les terroristes et les narcotrafiquants, sans, là encore, expliquer comment cette lutte serait menée.
Paris, la déterminée
La France, qui a déposé un projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU, prépare, depuis au moins l’élection de François Hollande, une intervention au Mali. Le 16 juillet dernier à Alger, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius s’est évertué à convaincre les Algériens afin qu’ils s’impliquent dans une solution militaire. Il a rappelé, vendredi à Malte lors d’une réunion en marge du sommet des 5+5 (Europe du Sud + Grand Maghreb), que «?l’intervention doit être menée, organisée par la Cedeao et l’Union africaine?». «?Il y a des pays qui peuvent être réticents, mais ils ne sont pas ceux qui vont au Conseil de sécurité faire obstacle puisque nul ne fera obstacle?», a ajouté le chef de la diplomatie française dans une claire allusion à l’Algérie.
Paris dispose de sérieux atouts comparé à Alger. Pour l’heure, la Mauritanie a refusé de s’associer à une intervention militaire au Nord-Mali. Elle s’est donc rangée du côté d’Alger. Le Niger, pays voisin du Mali, hésite encore. Quant au Mali, le pays est énormément fragilisé par la crise et fait l’objet de fortes pressions de la part de la Cedeao et de la France. Soutenu par les Etats-Unis, la France n’attend plus que le feu vert de l’ONU. Et selon François Hollande, « toutes les conditions sont réunies pour qu’une résolution soit votée dans un délai raisonnable, c’est-à-dire bref ».
L’Algérie, un acteur de poids dans la région, a encore beaucoup à faire pour influencer les décisions de ses voisins.