Avec des moyens modestes, il est venu combler un vide dans le paysage médiatique algérien : «l’absence de l’info en temps réel ». Tout sur l’Algérie (TSA), premier journal algérien d’information généraliste en ligne, lancé en juin 2007 par Lounès Guemache, un journaliste algérien installé à Paris, progresse doucement mais sûrement.
Lounès Guemache, 35 ans, journaliste algérien, vit à Paris. Il a pu, grâce aux multiples opportunités qu’offre Internet, lancer son propre journal, Tout sur l’Algérie. Une entreprise qui possède une rédaction resserrée à Paris et un réseau de correspondants éparpillés aux quatre coins de l’Algérie, pour un produit, dit-il, 100% algérien.
Afrik.com : Pourquoi avez-vous crée un journal électronique ?
Lounès Guemache : L’idée de lancer un journal électronique est venue d’un constat : dans tous les pays, la presse électronique existe sous une forme ou une autre. Mais l’Algérie est un pays à part, on ne dispose pas de l’information en temps réel, pas de chaîne d’information continue. Pour être informés, les Algériens sont obligés d’attendre les journaux qui sortent le lendemain. Pourquoi pour avoir les résultats des élections présidentielles qui ont lieu un jeudi, les Algériens doivent-ils attendre le samedi suivant ?
Afrik.com : Que comptez-vous apporter de nouveau au paysage médiatique algérien, déjà riche de plus de cent publications ?
Lounès Guemache : C’est, comme je l’ai dit, un concept. L’info en temps réel. La première chose qu’on a faite dès qu’on a lancé le site, et malgré nos moyens modestes, c’était prendre notre abonnement à l’AFP. Ceci bien sûr en complément de notre travail, basé sur la réactivité. Nous essayons aussi d’apporter de la nouveauté en matière de traitement de l’information : des articles très courts où l’on se contente de donner l’info. Nous nous efforçons également de sortir de certains schémas. C’est vrai que l’Algérie a traversé des moments difficiles il ya quelques années, mais l’Algérie de 2008 est une Algérie qui bouge. Il y a bien sûr des choses négatives, des atteintes aux libertés, un président qui s’accroche au pouvoir et qui s’apprête à briguer un troisième mandat, mais, contrairement à notre génération, il y a aussi beaucoup d’opportunités pour les jeunes d’aujourd’hui, beaucoup plus de chance de trouver du travail qu’auparavant. Nous essayons d’accompagner cette génération-là, les jeunes qui surfent sur Internet, qui bougent et qui ont des initiatives.
Afrik.com : Comment fonctionne la rédaction de Tout sur l’Algérie ?
Lounès Guemache : Nous travaillons avec un réseau de correspondants en Algérie. C’est une équipe 100% algérienne. Des journalistes qui sont habitués à une certaine réactivité. Il m’arrive de recevoir des infos importantes par SMS. C’est dire la réactivité avec laquelle nous traitons l’information.
Comment parvenez-vous à rentabiliser votre activité ?
Lounès Guemache : Nous avons la chance de gérer une structure dont le coût est faible. Bien sûr, il nous faut pays nos journalistes. Des journalistes qui ont d’ailleurs eu la gentillesse d’accepter des tarifs qui ne reflètent pas la qualité de leur travail. C’est vrai que l’année passée, nous n’avions pas beaucoup de pub, nous avions beaucoup de difficultés à convaincre les annonceurs, pas très habitués à faire passer leur publicité sur Internet. Mais les choses commencent à changer. Les annonceurs sont de moins de moins frileux. D’ailleurs 2009 démarre bien pour nous. Nous avons 4 annonceurs permanents. Des ressources qui nous permettront d’investir dans le développement de notre site.
Que disent les donnés sur le nombre de vos visiteurs, leurs profils ?
Lounès Guemache : C’est vrai que nous ne disposons pas encore de données précises pour l’instant. Mais d’après nos outils, je peux vous dire que nous enregistrons autour de 40000 visiteurs par jour. Nous sommes très lus en Algérie et pas mal en France. D’après les échos qui nous parviennent, nous sommes aussi suivis par des cadres, des ministres…
Vous avez parlé d’investissement pour développer votre site…
Lounès Guemache : Nous allons lancer avant la fin du mois une version arabe, qui ne se contentera pas de traduire les articles en français. J’estime que, quand on traduit, on tue l’âme du papier. Nous veillerons bien sûr à la cohérence éditoriale, mais il y aura une rédaction arabophone qui traitera des sujets selon sa sensibilité. Si tout va bien techniquement, nous lancerons cette version vers le 20 janvier. Et Nous prévoyons aussi pour le site d’autres déclinaisons : TSA féminin et TSA foot, entre autres.
Consulter Tout sur l’Algérie