Le gouvernement sénégalais a décidé de restreindre l’accès à internet, depuis ce matin. Plus de connexion directe à partir d’un téléphone portable. De facto, l’accès aux réseaux sociaux est coupé.
Comme nous l’annoncions hier soir, « les multiples appels à manifester et la violence qui commence à s’installer laissent penser qu’internet sera bientôt suspendu. Comme à l’accoutumée ! » Oui, comme ce fut le cas lors des violentes manifestations intervenues en juin 2023. Le 1er juin de l’année écoulée, en effet, l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko avait déclenché des violences ayant conduit à la restriction d’internet.
Tension perceptible dans plusieurs régions
Hier, dimanche 4 février 2024, des heurts ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre. Face aux jets de gaz lacrymogènes, les populations ont répondu par des jets de pierre. Il est fait état de plusieurs blessés, dans les rangs des manifestants comme chez les forces de l’ordre. Par ailleurs, de nombreuses arrestations ont été signalées. La tension était perceptible dans plusieurs régions du pays avec des pneus incendiés et des édifices vandalisés.
Une colère née du report de l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février prochain. La veille, le Président Mack Sall, lors d’une adresse à la nation, a reporté, sine die, le scrutin présidentiel. Comme prétexte, le dirigeant a (pour une première) tenu compte d’une requête d’un parti d’opposition. Le PDS (Parti démocratique sénégalais) du candidat Karim Wade ayant demandé un examen du rejet de sa candidature à la Présidentielle.
Restriction d’internet sur tout le Sénégal
Une demande qui a abouti à l’Assemblé nationale à travers des débats houleux. le parlement, au final, a fait passer, comme lettre à la poste, la requête du PDS. La mise en place d’un Comité chargé d’enquêter sur la mise à l’écart du candidat du PDS a alors été actée. La commission dispose de six mois pour rendre ses conclusions, après un audit des décisions du Conseil constitutionnel. Une procédure qui aurait entraîné le report de l’élection.
Sauf que l’opposition, qui ne valide pas cette décision du chef de l’État sénégalais, a pris l’option d’investir la rue. Une descente qui a déclenché des échauffourées avec de multiples appels à manifester. Pour espérer étouffer les manifestations et autres « appels à la violence », les autorités n’ont pas trouvé mieux que de restreindre internet. Quitte à compromettre le travail de beaucoup d’acteurs !