Le premier magazine tunisien indépendant en ligne, Kalima, a été lancé sur le web le 30 novembre 2000. Hébergé par Reporters sans frontières (RSF), ce tout jeune média incarne la poursuite de la lutte contre la censure exercée par les autorités tunisiennes.
La » toile » s’est enrichie, le 30 novembre 2000, du premier magazine tunisien indépendant : Kalima . Ce jeune journal qui contourne la censure exercée par les autorités tunisiennes est hébergé par l’association française Reporters sans frontières (RSF).
Kalima (Parole) a été créé, en 1999, par Sihem Bensedrine, journaliste et militante des droits de l’homme tunisienne. Au mois de novembre de cette même année, la directrice de parution a déposé une » déclaration de parution » au ministère de l’Intérieur, mais celui-ci a refusé de lui délivrer le document nécessaire à l’impression du magazine.
Internet et liberté de la presse
Confrontée à cette interdiction implicite, Sihem Bensedrine a décidé de mettre son journal en ligne, seul moyen de contourner la censure. Dans son premier numéro, la journaliste explique les raisons qui l’ont poussée à fonder Kalima. En voici quelques unes :
Parce que j’éprouve comme tous mes concitoyens une amertume à recourir aux médias étrangers pour savoir ce qui se passe dans mon pays ;
Parce que j’éprouve comme tous mes concitoyens une honte à redécouvrir, chaque matin dans les kiosques, le palier de médiocrité supplémentaire atteint par la presse tunisienne ;
Parce que j’éprouve comme tous mes concitoyens une douleur à constater l’hémorragie qui vide le corps journalistique de ses éléments sains et le remplacement des journalistes par des désinformateurs et des propagandistes.
Le contenu rédactionnel de Kalima est assez complet – politique, économie, société, culture- et aborde tant les sujets nationaux qu’internationaux. L’équipe rédactionnelle comporte en son sein la signature, désormais célèbre, de Taoufik Ben Brik.
Si Internet a permis à Sihem Bensedrine de mettre son journal en ligne, elle continue à rencontrer de nombreux problèmes. » Sa ligne téléphonique est sur écoute, et son appartement est sûrement encore surveillé, comme il l’était au mois de mai dernier « , confie Virginie Locussol, journaliste à RSF. » Nous étions en visite en Tunisie pour interviewer Taoufik Ben Brik, pendant sa grève de la faim, et Sihem a été arrêtée par la police et tabassée dans un commissariat » ajoute t-elle. Et conclut de la sorte : » Nous attendons de voir combien de temps va mettre le gouvernement tunisien pour fermer le site « .