Interdiction de tout débat sur la santé de Paul Biya : que craint le gouvernement camerounais ?


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Le Président du Cameroun, Paul Biya
Le Président du Cameroun, Paul Biya

Au Cameroun, les absences répétées de Paul Biya à des rendez-vous auxquels il était naturellement attendu ces dernières semaines n’ont cessé de nourrir la rumeur sur l’état de santé réel du patriarche de 91 ans. Au point où le gouvernement a dû taper du poing sur la table pour interdire tout débat médiatique sur la santé de l’inamovible dirigeant.

Paul Biya est-il malade ? Quoi de plus normal, vu son grand âge et le nombre d’années qu’il a accumulées au pouvoir ? Et pourtant, au Cameroun, l’état de santé du Président relève du tabou, un véritable sens interdit. Non content de publier un communiqué, mardi, pour tenter de couper court à la rumeur qui enflait, en rassurant l’opinion camerounaise sur l’ « excellent état de santé » du chef de l’État, le gouvernement camerounais, à travers le ministère de l’Administration territoriale, a sorti un autre texte, ce jeudi, pour interdire tout débat médiatisé sur la santé de son chef.

« Le chef de l’État est la première institution de la République et les débats sur son état relèvent du domaine de la sécurité nationale », lit-on dans la note qui porte la griffe de Paul Atanga Nji. « Tout débat dans les médias sur l’état du président de la République est par conséquent formellement interdit » et « les contrevenants devront faire face à la rigueur de la loi », tranche-t-il.

Que craint l’Exécutif camerounais ?

S’il est fréquent de voir l’opacité entretenue autour de la santé des chefs d’État en Afrique, la question se pose cependant de savoir ce que craint l’entourage des dirigeants. Surtout dans un entourage comme celui de Paul Biya, un homme qui a gravi les échelons dans la politique camerounaise à partir des premières années d’indépendance du pays et qui, depuis lors s’est maintenu au sommet de l’Etat. Malgré ses 91 printemps et des signes apparents de fragilité. Un vieillissement auquel les proches du chef semblent obstinément aveugles.

Reconnaître publiquement que le patriarche a des ennuis de santé pourrait ouvrir dans son propre clan une féroce guerre de succession. Et ceci, dans un contexte où il n’a pas dit son dernier mot par rapport aux joutes électorales de 2025. Mieux, en Afrique comme ailleurs, très peu de chefs acceptent facilement de voir leurs proches discuter de leur succession alors qu’ils sont encore en vie et en place. Pour mettre un terme à toute forme de spéculation, le gouvernement interdit purement et simplement les discussions autour de la santé de Paul Biya. En attendant un retour triomphal du chef devant les caméras, plus pétillant de forme que jamais.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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