C’est une décision qui a suscité étonnement, indignation et colère au sein de la chaîne française M6. Cette décision fait suite à la diffusion, dimanche 13 septembre, dans l’émission « Enquêtes Exclusives » d’un documentaire intitulé : « L’Algérie, le pays de toutes les révoltes ».
La décision du ministère de la Communication, « de ne plus autoriser la chaîne française de télévision M6 à opérer en Algérie », a été motivée surtout par « le regard biaisé » porté sur le Hirak. Selon le ministère, le documentaire a été réalisé « par une équipe munie d’une fausse autorisation de tournage ».
« Ce précédent nous conduit à décider de ne plus autoriser M6 à opérer en Algérie, sous quelque forme que ce soit », a indiqué le ministère dans un communiqué rendu public. Selon la même source, « une journaliste franco-algérienne a assuré la réalisation du film, avec l’aide d’un fixeur algérien, munis d’une fausse autorisation de tournage ».
Cette réaction étrange du ministre algérien de la Communication, Ammar Belhimer, n’est pas une première, depuis sa désignation à la tête du ministère. Il a même « déposé une plainte contre la chaine télévisée française M6 pour avoir tourné sans accréditation, en Algérie, pour la réalisation de son documentaire : l’Algérie, le pays de toutes les révoltes », rapporte l’Agence Presse Service (APS), en citant des sources du ministère.
« Force est de constater qu’à l’approche de chaque rendez-vous électoral, crucial pour l’Algérie et son avenir, des médias français s’adonnent à la réalisation et la diffusion de reportages filmés et autres produits journalistiques, dans le vil but de tenter de démotiver le peuple algérien, notamment sa jeunesse », a-t-il déploré.
Au lendemain de cette mise au point du ministère, qui « a accusé la chaine française de vouloir démotiver le peuple algérien notamment sa jeunesse à l’approche de chaque rendez-vous électoral », crucial pour l’Algérie et son avenir, faisant référence au prochain rendez-vous électoral à savoir celui sur la révision de la Constitution prévu le 1er novembre, la direction de M6 a rejeté « les accusations portées à son encontre ».
Elle affirme que « le reportage a bien été réalisé par une équipe qui bénéficiait d’une autorisation de tournage délivrée initialement en mai 2018 et prolongée plusieurs fois jusqu’en 2019 ». « L’équipe de tournage a d’ailleurs été contrôlée à plusieurs reprises par les autorités algériennes, qui l’ont laissée travailler au vu de cette autorisation », précise le média télévisé.
Et d’enchaîner, « les évolutions de la société algérienne constituent un sujet d’intérêt général qui mérite d’être traité dans le cadre du droit légitime à l’information du public ». Par ailleurs, M6 demande aux autorités algériennes « de revenir sur leur position de boycott afin de poursuivre de façon objective et sans aucune polémique sa mission d’information ».
Cette décision objectivement « non justifiée » a été largement critiqué sur les réseaux sociaux. Pour Ammar Kessab, chercheur et spécialiste en politiques culturelles, « interdire à M6 d’opérer en Algérie est une décision populiste qui n’a aucun sens dans le paysage audiovisuel moderne : M6 achète ses émissions à des boîtes de production privées et ses informations à des agences de presse ! C’est-à-dire que tu as plus de chance de croiser la Reine Élisabeth à Alger qu’un journaliste prétendant bosser pour M6 ! ».
La chaîne précise en revanche que d’autres demandes d’autorisation présentées par la rédaction d’Enquête Exclusive, en mars 2020, « pour pouvoir filmer des séquences en plateaux depuis Oran, ont été refusées par les autorités algériennes et elles n’ont donné lieu à aucun tournage en Algérie ».
Il y a lieu de noter, par ailleurs, que ce n’est pas la première fois qu’un film documentaire provoque une tension diplomatique entre l’Algérie et la France. Lors de la diffusion du film-documentaire « Algérie mon amour » en mai dernier par France 5, l’Algérie avait rappelé son ambassadeur en France.