La finalisation de l’accord de paix global (CPA) au Sud-Soudan, signé en 2005, fait l’objet d’une Conférence qui s’achève ce mardi à Juba, la capitale de la région semi-autonome du Soudan. La rencontre intervient au moment où les violences se multiplient dans une région qui attend d’être pacifiée après plus de 20 ans de guerre civile avec le Nord, qui vit de ses richesses pétrolières.
En 2011, le Sud-Soudan se prononcera sur son éventuelle indépendance, comme prévu par l’Accord global de paix (CPA) de 2005. Ce dernier mettait fin à plus de 20 ans de guerre entre le Nord et le Sud du pays (1983-2005). « Alors que l’accord de paix global (CPA) tire à sa fin en 2011, le Soudan est véritablement à la croisée historique des chemins », a estimé dimanche Salva Kiir, le président du Sud-Soudan, à l’ouverture de la Conférence de Juba sur l’avenir de cette région semi-autonome. Ces dernières semaines, le climat y est de plus en plus violent alors que le CPA prévoit également des élections pour avril 2010.
Etablir un consensus pour parachever le CPA est l’objectif de la Conférence de Juba, réunie par l’ex-groupe rebelle du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM). Une vingtaine de représentants des grandes formations politiques du pays, comme l’ancien Premier ministre Sadek el-Mahdi, chef de la formation Umma, et l’islamiste Hassan al-Tourabi, participent à la rencontre. Exception faite de quelques petits partis et surtout du pouvoir. Le Parti du congrès national (NCP) du président Omar el-Béchir a boycotté la conférence. Le SPLM et le NCP n’arrivent notamment pas à se mettre d’accord sur le projet de loi censé définir les modalités du référendum prévu en 2011. Le mouvement sudiste a appelé récemment l’Union africaine à intervenir auprès de Khartoum afin qu’il cesse d’entraver la mise en œuvre de ce dispositif législatif.
Le Nord entend-il déstabiliser le Sud ?
Le gouvernement soudanais a pourtant assuré lundi, aux Nations unies, qu’il était déterminé « à organiser des élections législatives et exécutives en avril 2010 conformément à l’Accord global de paix et à renforcer les efforts pour une réforme politique », selon son représentant permanent du Soudan à l’ONU, Ghazi Salahuddin Atabani. Le diplomate s’est dit par ailleurs préoccupé par les « récents conflits armés tribaux au Sud-Soudan », tout en soulignant que la responsabilité du maintien de la paix dans la région relevait des prérogatives du gouvernement local.
Simples affrontements de nature tribale ou manœuvres de déstabilisation orchestrées par Khartoum ? Nombre d’observateurs se posent la question. « Par exemple dans l’Etat (sudiste) de Lakes, il y a une sorte de montée en flèche des querelles entre différentes branches (de la tribu) Dinka. Ces querelles peuvent être qualifiées de tribales », a indiqué Douglas Johnson, spécialiste britannique du Sud-Soudan, interrogé par l’AFP. Cependant, poursuit-il, « dans un endroit comme l’Etat (sudiste) de Jonglei, (…) il y a sans aucun doute les vestiges de vieilles milices qui ont accès à de nouveaux stocks d’armes et opèrent en fonction d’un agenda pas nécessairement lié aux querelles locales ». L’attaque des habitants du village de Duk Padiet a fait plus d’une centaine de morts et a été condamnée par la Mission des Nations unies au Soudan (Unmis). Dans un communiqué publié la semaine dernière, elle a dénoncé cette attaque de Jonglei qui « semble s’inscrire dans une tendance constatée depuis le début de l’année à la montée en flèche des violences dans différents secteurs du Sud-Soudan ». Plus de 2 000 personnes ont perdu la vie dans ce type d’attaques depuis janvier 2009.
Quatre ans après la fin de la guerre qui a fait quelque deux millions de victimes, l’incertitude pèse toujours sur l’avenir d’une région, riche en pétrole mais qui n’en a pas réellement profité. L’accord de paix de 2005 stipule un partage équitable des royalties sur la manne pétrolière entre le Nord et le Sud. Mais le manque de transparence sur les revenus pétroliers, dénoncé récemment par l’ONG britannique Global Witness, constitue une nouvelle menace pour la paix dans le Sud-Soudan alors que le conflit au Darfour perdure dans l’Ouest du pays.