La Tunisie a décidé de fermer son consulat à Tripoli après l’enlèvement, pendant quelques jours, par une milice armée, de fonctionnaires consulaires dans la capitale libyenne. Pour le ministre tunisien des Affaires étrangères, Taïeb Baccouche, la sécurité est la condition de la réouverture du consulat de son pays en Libye.
La Tunisie ne mâche pas ses mots à l’égard de la Libye. Après l’enlèvement, vendredi 12 juin 2015, de dix Tunisiens fonctionnaires consulaires par le groupe armé Fajr libya, le ministre tunisien des Affaires étrangères, Taïeb Baccouche, a annoncé, ce vendredi 19 juin 2015, la fermeture du consulat tunisien à Tripoli dans la capitale libyenne. Il a également été on ne peut plus clair avec le voisin libyen, soulignant que la sécurité en Libye est la condition à la réouverture du consulat de son pays. « Quand la protection du consulat sera assurée, à ce moment là, nous réfléchirons à une réouverture », a déclaré Taïeb Baccouche. Désormais, la Tunisie ne dispose plus d’ambassade à Tripoli, contrôlée par Fajr Libya depuis août 2014. Tunis avait décidé, en avril dernier, d’y rouvrir un consulat, parallèlement à un autre auprès du gouvernement officiel installé à Tobrouk dans l’est de la Libye.
Après d’âpres négociations, les dix fonctionnaires Tunisiens sont rentrés en Tunisie, ce vendredi matin, au lendemain de la validation par la Cour d’appel de Tunis de l’extradition de Walid Al-Klib, un des leaders libyens de Fajr Libya, détenu en Tunisie, depuis mai, pour une affaire de terrorisme. Sa libération était l’unique condition de Fajr Libya, qui aurait réussi à mettre la pression sur Tunis pour obtenir gain de cause. La Tunisie aurait donc cédé, mais jusqu’à présent aucun lien n’a été établi par les autorités tunisiennes entre les deux libérations. L’enlèvement et la séquestration des dix Tunisiens par Fajr Libya travaillant au consulat est encore dans tous les esprits.
L’emprise de Fajr Libya
Il faut dire que Fajr Libya, qui se traduit par « l’Aube de la Libye », continue de faire la pluie et le beau temps en Libye, depuis que le groupe s’est emparé de Tripoli, chassant le gouvernement officiel en place, avant de constituer le sien non reconnu à l’international. La Libye vit dans la tourmente depuis la chute de Mouammar Kadhafi, en 2011. Le pays, qui dispose de deux gouvernements, est également en proie à un véritable imbroglio politique. Il est notamment livré à la merci de groupes armés qui se battent pour le contrôle des richesses. Pis, l’organisation Etat islamique y aurait aussi des bases, notamment à Syrte. Elle avait, à la mi-février 2015, décapité 21 chrétiens coptes d’Egypte en Libye, et diffusé une vidéo de leur exécution. Sur les images, les otages sont alignés sur une plage, les mains menottées dans le dos, avant que leurs bourreaux n’en décapitent au moins dix. Un acte qui avait été condamné unanimement à l’international, poussant l’Egypte à bombarder leurs positions dans la foulée.
Le Caire ne cache d’ailleurs pas son inquiétude face au chaos libyen qui pourrait bien se répercuter sur le sol égyptien. Le Président Abdel Fattah al-Sissi a d’ailleurs appelé, à plusieurs reprises, la communauté internationale à intervenir en Libye pour mettre fin à l’insécurité qui y règne.