Plusieurs semaines de pluies diluviennes ont tué 70 personnes et privé quelque 430 000 autres de leurs habitations. L’Onu redoute une catastrophe humanitaire. Les dirigeants africains pensent que ce déchainement de la nature est lié au réchauffement climatique et demandent des compensations de la part des pays riches et principaux pollueurs. Cette question sera soulevée en décembre prochain lors du sommet de Copenhague.
Soixante-dix morts. Le bilan des inondations de la saison des pluies en Afrique de l’ouest est lourd. Ces dernières semaines, des pluies diluviennes ont frappé sept pays de la région, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Ghana, le Mali, le Niger, la Guinée et le Burkina Faso. Sur leur passage, les eaux en furie n’ont rien épargné: habitations, réserves de céréales, infrastructures routières et de télécommunications, etc. Quelque 430 000 personnes dans les six pays ont perdu leurs logements.
Le beau temps n’est cependant pas encore revenu. Mardi dernier, Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, a reçu 330 millimètres d’eau. Une quantité jamais atteinte dans le pays. Dix heures de pluies presqu’ininterrompues ont tué 7 personnes et détruit 24 000 logements, faisant du coup 150 000 personnes sans abri. Le gouvernement a regroupé plusieurs milliers de personnes dans les établissements scolaires, et envisage de réquisitionner les stades de la ville pour abriter le flux des nouveaux sinistrés. Selon l’Onu, les populations déplacées et regroupées vivent dans des conditions déplorables. L’hôpital Yalgado, centre hospitalier de référence du pays avec 600 lits a été évacué, ce qui complique davantage la prise en charge des blessés. Pour le premier ministre Tertius Zongo, c’est la catastrophe la plus grave jamais vécue par la ville.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) craint pour la sécurité alimentaire dans la région et pointe le risque d’épidémie lié à cette situation.
Le réchauffement climatique en cause ?
En 2007, des inondations similaires avaient fait 300 morts et touché quelque 800 000 personnes en Afrique de l’ouest. Pour de nombreux dirigeants africains, l’alternance de la sécheresse et des inondations qui frappent ces pays est due au réchauffement climatique. Ces dirigeants exigent d’ailleurs que ce lien de cause à effet soit reconnu lors du sommet sur le changement climatique qui se tiendra en décembre prochain à Copenhague, la capitale danoise. Objectif : demander des compensations financières, qui pourraient être, selon certains experts, de l’ordre de 200 milliards de dollars par an. Le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi a averti récemment que si cette demande n’était pas prise en compte, les représentants de l’Afrique quittaient la conférence de Copenhague.
De son côté, l’Organisation mondiale de météorologie davantage préoccupée par la prévention estime à 1 milliards de dollars (704 milliards d’euros) le coût des investissements nécessaire pour mettre à niveau les services météorologiques des pays africains, pour leur permettre d’anticiper les effets du changement climatique. Cette somme financerait par exemple l’achat des systèmes d’alerte précoce et les outils de facilitation du recueil des données.
La priorité : l’aide aux sinistrés
Pour l’heure, les Etats sont plus préoccupés par l’aide aux sinistrés. Le Burkina Faso a lancé un appel à la solidarité nationale et internationale. Ouagadougou estime à 10,6 millions d’euros l’aide d’urgence pour secourir les sinistrés et remettre en état les infrastructures de communication endommagées par les pluies. Pour le premier Ministre Burkinabè, il faudra 106 millions d’euros dans le long terme, pour réaliser des ouvrages plus performants d’assainissement et d’écoulement des eaux et mettre en place un plan d’organisation des secours. La Commission de la CEDEAO a indiqué qu’elle va apporter son soutien aux Etats membres affectés par les inondations. Mais aucun montant n’a été avancé.