Depuis le mois de juin, des pluies torrentielles ont provoqué des inondations dévastatrices au Niger, entraînant la mort de 339 personnes et affectant plus d’un million d’habitants, selon un rapport de l’Agence nigérienne de presse (ANP) publié mardi.
Un bilan précédent, communiqué le 4 septembre par le ministère nigérien de l’Intérieur, faisait état de 273 morts, 278 blessés et plus de 700 000 sinistrés. Au 23 septembre, les inondations avaient fait 339 morts, 383 blessés et 1 176 528 sinistrés, d’après la Protection civile nigérienne citée par l’ANP. Quatre régions sont particulièrement touchées : Maradi, au centre-sud, avec 111 morts ; Tahoua, à l’ouest, avec 99 morts ; Zinder, au centre-est, avec 65 morts ; et Dosso, au sud-ouest, avec 22 morts.
Neuf morts à Niamey, Agadez frappée de plein fouet
Niamey, la capitale, a enregistré 9 décès. Les inondations ont causé des destructions massives, affectant des habitations, des stocks alimentaires et du bétail. La ville historique d’Agadez, au nord, est également en péril. Les pluies exceptionnelles menacent sa célèbre mosquée du XVIe siècle, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. La Direction de la météorologie nationale a rapporté que certaines régions ont enregistré jusqu’à 200 % d’excédent de précipitations par rapport aux années précédentes.
La situation a forcé le gouvernement à repousser la rentrée scolaire du 2 octobre au 28 octobre, certaines écoles ayant été endommagées et transformées en abris pour les déplacés. Mi-septembre, les autorités ont indiqué avoir assisté plus de 700 000 sinistrés, leur fournissant plus de 8 000 tonnes de céréales, des moustiquaires, des couvertures et des tentes.
Un phénomène généralisé Afrique
Les inondations au Niger s’inscrivent dans un contexte plus large de catastrophes climatiques sévères en Afrique. D’autres pays du continent ont également été touchés par des pluies diluviennes, mettant à mal leurs infrastructures et leurs populations. Au Soudan, depuis août, des inondations massives ont fait plus de 130 morts et des dizaines de milliers de sinistrés.
La situation est particulièrement grave dans les États du Nil Blanc et du Darfour, où les rivières ont débordé, inondant des villages entiers. En plus des pertes humaines, plus de 65 000 habitations ont été détruites, entraînant le déplacement de nombreuses familles. Les secours sont compliqués par les conflits en cours dans le pays, aggravant une situation humanitaire déjà critique.
Plus tôt en 2024, en avril, l’Afrique du Sud a connu des inondations meurtrières dans la province du KwaZulu-Natal, où des pluies sans précédent ont causé la mort de plus de 450 personnes. Les glissements de terrain, les routes coupées et les quartiers inondés ont affecté des milliers de foyers. Cette catastrophe a entraîné des pertes économiques massives, avec des infrastructures publiques et privées gravement endommagées, et a provoqué des pénuries d’eau et d’électricité dans plusieurs régions du pays.
Le Tchad et le Nigeria aussi touchés
Au Tchad, les pluies saisonnières de 2024 ont également causé des inondations importantes. Des intempéries qui ont affecté des centaines de milliers de personnes dans la capitale N’Djamena et dans les provinces rurales. La montée des eaux a isolé certaines communautés et rendu difficile l’accès à l’aide humanitaire. En août, les autorités tchadiennes ont déclaré l’état d’urgence face à l’aggravation de la situation. Les pertes de récoltes et de bétail mettent en péril la sécurité alimentaire du pays.
Le Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique, n’a pas non plus été épargné. Des inondations dans plusieurs États, notamment dans le centre et le sud du pays, ont causé la mort de plus de 600 personnes depuis juin 2024, selon les autorités nigérianes. Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées et d’importants dégâts matériels ont été enregistrés.
Le changement climatique, un défi continental
Le fleuve Niger et plusieurs autres cours d’eau ont débordé, submergeant des centaines de communautés. En plus des pertes humaines, des milliers d’hectares de terres agricoles ont été détruits, compromettant les récoltes et aggravant la crise alimentaire en cours. Ces inondations en Afrique témoignent de l’impact grandissant du changement climatique sur le continent, avec des saisons des pluies de plus en plus imprévisibles et intenses.
Plusieurs experts estiment que l’Afrique est particulièrement vulnérable aux effets du réchauffement climatique en raison de ses infrastructures fragiles et de ses ressources limitées pour faire face à de telles catastrophes. Des organisations internationales, comme la Croix-Rouge et l’Organisation des Nations Unies, ont intensifié leurs efforts pour venir en aide aux pays affectés, mais les besoins dépassent souvent les capacités de réponse immédiates.