A l’occasion de la sortie de son nouvel album « Love Revolution », le 7 novembre, la chanteuse Inna Modja, de son vrai nom Inna Bocoum, s’est confiée à Afrik.com. Née à Bamako, au Mali, la jeune artiste en herbe fait ses débuts dans le Rail Band de Bamako grâce chanteur Salif Keita. En 2009, elle apparaît pour la première fois à la télévision, sur France 2, aux côtés de Jason Mraz pour la fête de la musique. Depuis, c’est avec succès qu’Inna réussit à tisser sa toile musicale. Elle se produira sur la scène du Café de la danse le 8 novembre. Entretien.
Afrik.com : Comment vous sentez-vous à l’approche de la sortie de votre deuxième album?
Inna Modja: Je suis très contente car j’y ai consacré beaucoup de temps ! Avec l’aide de mon co-compositeur, j’ai intégralement écrit l’album. De nombreux projets sont en train de se mettre en place et c’est très encourageant de voir que mon travail paie enfin!
Afrik.com : Le titre de votre single » French Cancan (Monsieur Sainte Nitouche) » a été classé n°1 des ventes en France. Comment expliquez-vous un tel succès ?
Inna Modja : Je suis de nature très simple et je m’efforce de le rester. Je pense que les gens commencent à le ressentir à travers mes clips. Et c’est super, car au début il y avait des regards surpris ! Les gens se demandaient « mais qui est cette fille noire avec son énorme afro? ». Avec le temps, ils se sont habitués et se rendent compte que je pourrais tout à fait être leur voisine de palier ou même leur amie. Je veux être considérée au même titre que n’importe quelle autre artiste. En aucun cas je ne souhaite incarner « la noire de service » !
Afrik.com : L’année dernière, vous avez été élue égérie de Mizani, la gamme afro de L’Oréal. De nombreuses discussions tournent autour de votre coiffure. Comment percevez-vous ces regards ?
Inna Modja: Vous savez, les gens auront toujours quelque chose à dire. A plusieurs reprises, j’ai dû faire face à des remarques désobligeantes, limites racistes mais je n’y prête pas attention. Mon but est d’être reconnue pour mon talent et non pour ma couleur de peau ou ma coiffure. Je ne me vois pas changer de tête simplement pour plaire aux autres. Des chanteuses comme Ayo ou Irma portent une afro et elles sont très bien acceptées. Nous sommes très peu de femmes noires à faire partie intégrante du monde musical Français. Par conséquent, nous avons besoin de soutien. Je trouve dommage de se pointer du doigt plutôt que de se soutenir.
Afrik.com : Vous luttez depuis des années contre l’excision. Vous êtes d’ailleurs marraine de l’association « Tostan », une ONG qui lutte, entre autre, pour l’abandon collectif de la pratique de l’excision et des mariages précoces/forcés. Où en êtes-vous dans votre combat ?
Inna Modja: Ça avance petit à petit. C’est un processus qui prend beaucoup de temps mais il faut continuer à en parler. Même si elles n’en mesurent pas les conséquences physiques et psychologiques, les familles qui pratiquent l’excision ne le font pas dans l’intention de faire du mal. C’est une coutume ancrée dans les mentalités africaines. J’ai également subi cette pratique à l’insu de mes parents mais j’ai eu la chance d’avoir une famille compréhensive, dans laquelle on peut communiquer. C’est comme cela que j’ai pu avoir recours à une opération réparatrice à laquelle malheureusement peu de filles ont accès. Je pense que c’est en parlant de ce problème que les gens comprendront et que les choses pourront évoluer.
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