La date du 14 octobre a été dédiée à Madame Victoire INGABIRE, comme symbole de justice et de dignité humaine.
La journée se traduit par une mobilisation autour et pour toutes les victimes d’injustice, notamment les prisonniers politiques et d’opinion. Les pionniers de l’événement, en majorité Rwandais de la diaspora issus de la société civile, sont regroupés sous le collectif portant le même nom « Ingabire Day ».
Selon les sources internes, « Ingabire-Day » est porteuse d’une ambition tout autant estimable qu’audacieuse: porter sa voix au plus loin possible, dans toutes les contrées, tant nationales qu’internationales, en proie à l’injustice et à des actes portant atteinte à la dignité humaine.
De manière concrète, le collectif « Ingabire Day » s’est donné pour mission de plaider pour la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinions. Dans ce billet, on n’ira pas les chercher trop loin, à l’autre bout du monde, tant on sait justement, que les prisons rwandais, cloitres affreux, détiennent arbitrairement les journalistes, les politiciens et d’autres voix dissidentes. Les noms qui font la une des médias sont, en l’occurrence, Karasira Aimable, Cyuma Hassan, Idamange Iryamugwiza, Théoneste Nsengimana, Rashidi Hakuzimana, Deo Mushayidi, etc.
D’autres noms, peu ou prou médiatisés, subissent le même traitement derrière les barreaux, sans ou avec une défense fragile, téléguidée ou manipulé par le régime. Il est impossible, dans tous les cas, de dresser avec exhaustivité la liste de tous les prisonniers politiques et d’opinions, certains étant enfermés, de surcroît, dans des endroits clandestins. Leur sort ne sera fixé qu’au bon vouloir du pouvoir : la vie ou la mort (cf. les rapports des organisations des droits humains).
Comme on pouvait malheureusement s’y attendre, l’initiative « Ingabire Day » n’aura pas été tendrement saluée par le gouvernement rwandais. Selon HRW, plusieurs membres et représentants régionaux du parti DALFA UMURINZI (de Victoire Ingabire) ont été arrêtés, la plupart à la veille du 14/10/2021, à la suite des actions préparatoires pour cette journée. Ce groupe appelé «prisonniers du 14 octobre », est toujours sous les verrous sans aucun jugement. Human Rights Watch parle d’« arrestations manifestement arbitraires et politiques, destinées à dissuader davantage les personnes de s’exprimer contre la politique ou les abus du gouvernement. »
Notons au passage que le journaliste Théoneste Nsengimana avait simplement prévu de couvrir cet événement et d’animer un débat sur sa chaîne YouTube avec Victoire Ingabire. Cela n’aura jamais lieu car il a été arrêté le 13 octobre 2021, détenu aujourd’hui en prison sans procès.
Pour mémoire, « Ingabire Day » célèbre cette année ses quatorze ans d’anniversaire qui rappelle le premier jour d’incarcération de Madame Ingabire, le 14.10.2010. Cet anniversaire rappelle aussi, regrettablement, que Madame Ingabire n’est toujours
pas autorisée à enregistrer officiellement son parti ou à revoir sa famille, particulièrement ses enfants et son mari gravement souffrant. Le combat de Madame Ingabire pour la justice sociale, l’Etat de droit, la réconciliation et la démocratie au Rwanda mérite, non seulement une journée de réflexion, mais une reconnaissance et une récompense de portée internationale.
L’initiative « Ingabire-Day » est un grand défi qui requiert un large partenariat. Dans un monde en pleine ébullition, chaque seconde est comptée. Il est grand temps, me semble-t-il, que les gouvernements, les organisations, les journalistes et les individus ne restent plus muets face à la recrudescence des dictatures, au piétinement des droits de l’homme, aux violences et à la militarisation des frontières, etc.
Somme toute, aucun changement ne pourra efficacement s’opérer aussi longtemps que les peuples opprimés ne soient amenés à jouer leur partition. Les propos de Jesse Agustin (à propos de la justice sociale) pourront certainement inspirer les futurs projets « Ingabire Day » : « La justice sociale consiste à transformer les relations et les ordres sociaux injustes et violents par la sensibilisation, l’organisation systématique et la mobilisation des personnes (politiquement, économiquement, écologiquement et socialement) marginalisées et opprimées ».
Quelques sources :