Sur fond de tensions diplomatiques croissantes, le président algérien Abdelmadjid Tebboune rappelle à Emmanuel Macron les fondements du droit international et consulaire. L’expulsion controversée d’influenceurs algériens et le soutien ambigu de Paris aux revendications marocaines sur le Sahara occidental placent le président français face à ses contradictions juridiques.
La France entretient avec le Maghreb des relations marquées par l’histoire coloniale et des intérêts géostratégiques enchevêtrés. A cela s’ajoute la problématique particulière du Sahara occidental qui demeure, selon l’ONU, un territoire non autonome en attente de décolonisation depuis le retrait espagnol en 1976.
Les résolutions des Nations Unies sont claires : la solution passe par l’organisation d’un référendum d’autodétermination permettant au peuple sahraoui de choisir son avenir. Malgré ce cadre juridique international sans ambiguïté, la France a fait évoluer sa position, pourtant définie par Valery Giscard d’Estaing puis par Jacques Chirac, pour privilégier avec Macron ses relations économiques avec le Maroc qui occupe ce territoire.
Cette posture de Paris, en contradiction avec les principes de décolonisation portés par l’ONU, illustre un manquement flagrant par Macron du respect du droit international.
La question saharienne : un imbroglio juridico-diplomatique
Le cadre légal international concernant le Sahara occidental est pourtant sans ambiguïté. Les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU affirment le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et prévoient l’organisation d’un référendum sous égide onusienne. La récente lettre de Macron à Mohammed VI de juillet 2024 semble faire fi de ces engagements internationaux.
Le cas des influenceurs : une expulsion qui fait débat
L’expulsion récente d’influenceurs algériens établis en France révèle une nouvelle fois les failles françaises dans l’application du droit international. La Convention consulaire algéro-française du 24 mai 1974 impose des obligations précises que Paris semble avoir ignorées.
Les autorités consulaires n’ont pas été informées des arrestations ni des procédures d’expulsion. Le droit de visite consulaire, garantie fondamentale, n’a jamais été respecté.
Cette situation est d’autant plus préoccupante que certains des expulsés bénéficiaient de solides attaches en France. Parents d’enfants français pour certains, disposant d’emplois stables depuis des années, ils n’ont pas eu l’opportunité de faire valoir leurs droits devant la justice française.
La procédure expéditive utilisée par le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, interroge sur le respect des garanties fondamentales prévues par le droit français et européen. Une précipitation qui s’est faite sous la pression du Rassemblement National et de l’Extrême Droite.
Une diplomatie française sous tension
Face à ces controverses, Emmanuel Macron peine à concilier les obligations internationales de la France avec ses intérêts économiques et sécuritaires dans la région. L’héritage complexe des relations post-coloniales ne fait qu’ajouter à la difficulté de l’exercice. Si Rabat applaudit ce qui ressemble à un soutien tacite sur la question sahraouie, Alger ne manque pas de rappeler à Paris ses obligations légales et morales. Mais plus globalement c’est toute l’Afrique francophone qui dénonce la position française teinté de paternalisme et de retour du colonialisme.
La gestion maladroite de ces deux dossiers révèle les limites d’une diplomatie française. En s’écartant dangereusement du droit international, Emmanuel Macron prend le risque d’affaiblir la position de la France sur la scène internationale. Les rappels à l’ordre d’Abdelmadjid Tebboune sonnent comme autant d’avertissements pour une puissance qui ne peut plus ignorer les mutations géopolitiques en cours.