Depuis une semaine, le poulet congelé est introuvable à Yaoundé. Les derniers stocks sont écoulés à des prix prohibitifs. Au grand bonheur des éleveurs locaux qui voient les clients se rabattre sur eux. Enquête.
Le poulet congelé importé d’Europe, principalement de Belgique et de France, a déserté les plats des habitants de la capitale politique du Cameroun. En l’espace d’une dizaine de jours, il s’est raréfié au point de devenir quasiment introuvable. Les quelques magasins qui en disposent encore sont carrément pris d’assaut malgré la hausse des prix. Plus de 50 % d’inflation. Le prix du kilogramme est passé de 1 000 Fcfa (1,602 euros) à 1 500 Fcfa (2,402 euros).
Cette pénurie subite fait suite à la mise sous scellés des établissement commerciaux de Congelcam, le leader de la vente du poulet congelé au Cameroun. » Après plusieurs rappels à l’ordre infructueux, nous étions bien obligés de fermer Congelcam « , se justifie Antoine Mbarga, haut responsable au ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia). Pour préserver l’aviculture camerounaise, le Minepia avait décidé de limiter à
6 000 tonnes l’importation de poulet congelé. Mais assez rapidement, les entreprises importatrices vont transgresser cette directive du Minepia. Passant de 6 000 à 15 000 tonnes. Plus du double de la quantité autorisée.
Les éleveurs retrouvent le sourire
Une invasion du marché camerounais par la viande blanche qui fera l’affaire des importateurs et partiellement celle des ménages. Le poulet congelé était vendu à des prix défiant toute concurrence mais pas dans des conditions hygiéniques adéquates. » Congelcam, par exemple, n’avait pas suffisamment de chambres froides pour stocker toute sa commande « , explique Antoine Mbarga. Pour éviter que les poulets ne pourrissent, Congelcam est très souvent obligée d’utiliser les moyens du bord pour les conserver. Il n’était pas rare de voir à Yaoundé des jeunes convoyant sur des porte-tout ou des brouettes des poulets sous la chaleur et la poussière.
Face à cette situation, le Minepia a fini par durcir le ton. Il a scellé certains établissements commerciaux et décidé d’un contrôle strict autour de l’importation du poulet congelé. Ces mesures ont entraîné une rupture de stock suivie d’une hausse vertigineuse du prix du kilogramme du poulet de Belgique. Cette nouvelle situation fait bien évidemment l’affaire des éleveurs locaux. Longtemps boudés, ils assistent avec le plus grand des sourires au retour de leurs anciens clients.