Inégalités : osons regarder les choses en face


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Les inégalités font l’objet d’un vif débat chez les Démocrates américains ces derniers temps. Bien sûr, il était sans surprise que Bernie Sanders, se décrivant lui-même comme socio-démocrate, dénonce le « principe capitaliste par lequel si peu ont beaucoup et beaucoup ont si peu ». Il a été épaulé par Hillary Clinton, qui a promis de remédier aux divisions qui existent « parce qu’il y a trop d’inégalités ». Et Martin O’Malley de s’inquiéter, « notre classe moyenne se rétrécit … les pauvres sont encore plus pauvres ». Même Lincoln Chafee « voulait lutter contre l’inégalité des revenus ». Ce discours sur la guerre des classes est très populiste. Malheureusement pour les candidats, les dernières études font ressortir que leur thèse est fausse.

Une idée domine la pensée de gauche, c’est que les inégalités existent parce que les riches ne payent pas leur juste part d’impôts et que les programmes d’aide sociale sont trop restreints. Bien sûr, cela ne tient pas compte des faits tels que (a) les riches, qui gagnent environ 19% du revenu des États-Unis, payent plus de 42% de l’impôt fédéral, et (b) le gouvernement fédéral et les gouvernements des États dépensent près de 1 trillion de dollars dans les transferts sociaux et les programmes de lutte contre la pauvreté.

Par ailleurs, une nouvelle étude faite pour le compte du Brookings Institute, rédigée par l’ancien conseiller économique d’Obama, Peter Orszag, conclut que même si l’on augmentait le taux d’impôt sur le revenu individuel de 50% (de son niveau actuel de 39,6%) et si, en parallèle, les recettes étaient distribuées aux personnes appartenant à la tranche des 20% ayant les plus faibles revenus, l’impact sur la réduction des inégalités serait étonnamment très faible.

La gauche estime également que la plupart des gens riches ne gagnent pas leur richesse, mais en héritent. C’est d’ailleurs la thèse centrale du livre de Thomas Piketty, « Le Capital au XXIe siècle ». En réalité, 80% des millionnaires américains appartiennent à la première génération de leur famille ayant fait fortune. La plupart des riches sont des entrepreneurs qui ont accumulé leur richesse grâce à leur labeur.

La théorie de Piketty sur la richesse dynastique est encore contredite par une nouvelle étude du Cato Institute, menée par Robert Arnott, William Bernstein, et Lillian Wu. Leu. Leur travail montre que « chaque génération engendre ses propres entrepreneurs qui créent de vastes réservoirs de richesse entièrement nouveaux », alors que la richesse accumulée par les générations précédentes est dissipée. Comme le montrent les auteurs, les fortunes massives du 19ème siècle ont été presque entièrement épuisées, et même la fortune générée il y a tout juste un demi-siècle a laissé place à une nouvelle série de fortunes, qui sera un jour perdue à son tour. Le capitalisme, selon Joseph Schumpeter, est un processus de destruction créatrice.

La montée des inégalités, responsable de la pauvreté ?

En effet, comme Philippe Aghion et une équipe de Harvard l’ont montré dans un document de travail, environ 17% de l’augmentation totale de la part du revenu de la tranche des 1% les plus favorisés, de 1975 à 2010, provient seulement de l’innovation : de nouvelles idées et de nouveaux produits qui ont profité à chacun d’entre nous. Les auteurs concluent que cela « corrobore la thèse de Schumpeter selon laquelle la hausse des parts de ceux ayant des revenus élevés est en partie liée à la croissance par l’innovation. L’innovation elle-même favorise la mobilité sociale au sommet par la destruction créatrice ».

Dans la même veine, une équipe de recherche autour de Jae Song de la Social Security Administration n’a pas conclu que les inégalités seraient causées par un écart salarial grandissant entre les dirigeants et les travailleurs d’une entreprise, mais plutôt (entre 1978 et 2012) par des disparités de salaires entre les différentes entreprises. A des emplois similaires dans différentes entreprises correspondent des salaires différents. Les travailleurs choisissent alors parfois d’autres compensations ou des avantages plutôt que des salaires plus élevés. Par conséquent, les propositions libérales traditionnelles comme le plafonnement de la rémunération des PDG aurait peu d’impact sur les inégalités.

Et si cela ne suffit pas, il y a aussi un nouveau rapport sur la pauvreté de la Banque mondiale. Les critiques de l’inégalité voudraient nous faire croire que la montée des inégalités est responsable de la pauvreté. Mais alors que les inégalités augmentent, la pauvreté dans le monde n’a jamais été aussi basse. Les chercheurs prévoient que moins de 10% de la population mondiale vivront dans l’extrême pauvreté, cette année.

Pour finir de convaincre ceux qui sont sensibles aux inégalités, une nouvelle étude menée par Sutirtha Bagchi de l’Université du Michigan et Jan Svejnar de l’Université Columbia, conclut que l’inégalité peut ralentir la croissance économique si elle est liée à du capitalisme de copinage alors que l’inégalité peut être bonne pour la croissance quand elle est le résultat de marchés libres.

Il est fort à parier que celui qui gagnera l’investiture démocrate l’année prochaine fera campagne contre les inégalités par une progression des redistributions. Le programme des démocrates ressemble à une liste interminable de cadeaux à payer par des taxes punitives sur les riches.

Michael Tanner, analyste au Cato Institute.

Article publié en collaboration avec Libre Afrique

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