L’Espagne et le Maroc se disputent la souveraineté d’un îlot inhabité au large de la côte marocaine. Ilot du Persil pour les Espagnols, Leila pour les Marocains, l’îlot rocheux inhabité de 13,5 hectares, occupé depuis jeudi par des militaires marocains, provoque la colère de l’autre côté de la Méditerranée.
L’Espagne a envoyé des navires militaires vers Ceuta et Melilla, deux enclaves espagnoles sur la côte méditerranéenne du Maroc, pour répondre à l’occupation de l’îlot du Persil par les militaires marocains jeudi dernier. La tension entre les deux pays ne cesse de monter. Rompant son silence dimanche, l’Union européenne a donné raison à l’un de ses membres en sommant le Maroc de « retirer immédiatement » ses soldats.
Ce lundi, le chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, a réaffirmé, devant les députés ibériques, la souveraineté espagnole sur l’île. « L’Espagne n’acceptera jamais les faits accomplis. Il est indispensable de revenir au statu quo de l’île. L’Espagne déploie des efforts diplomatiques pour restaurer le droit international », a déclaré José Maria Aznar.
La diplomatie et les corvettes
Piquée au vif par cette « occupation », l’Espagne a décidé de renforcer sa présence militaire dans la région. Un renforcement qui s’est poursuivi au cours du week-end avec la présence de deux frégates à Ceuta, avec chacune 200 hommes à bord, et de deux corvettes à Melilla, avec chacune 140 hommes à bord. Les deux corvettes ont quitté ce lundi matin le port de Melilla pour une première mission de présence autour des trois îles espagnoles Chaffarines, et autour de deux îlots : le Penon de Alhuceimas et le Penon de Velez de la Gomera. Toutes ces îles, sous souveraineté espagnole, se trouvent le long de la côte marocaine, à l’est et à l’ouest de Melilla. Par ailleurs, le ciel est saturé par les rotations d’hélicoptères et d’avions de reconnaissance espagnols.
Ce déploiement de force n’impressionne pas le Maroc. Seul le ministère des Affaires étrangères a expliqué « la présence » d’une dizaine de militaires marocains pour lutter contre l’immigration clandestine et le trafic de drogue. Explications qui n’ont guère convaincu Madrid.
La presse s’enflamme pour la souveraineté
Le ministre marocain des Affaires étrangères, Mohamed Benaïssa, confirme que son pays « maintiendra le poste de surveillance qui a été installé sur l’îlot Leila« . Selon lui, les « mesures de surveillance déployées par le Maroc entrent dans le cadre de l’exercice de la souveraineté de l’Etat marocain ». En clair, l’îlot rocheux, situé à 200 mètres de la côte marocaine, appartient au Maroc.
La presse marocaine vole au secours de son gouvernement en précisant que l’île est indépendante, c’est-à-dire marocaine, depuis 1956, date de l’accession du Maroc à l’indépendance. Les journaux ciblent particulièrement le chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, jugé proche du Front Polisario qui milite pour l’indépendance du Sahara Occidental.