Un amendement au projet de loi sur l’immigration, qui prévoit dans le cadre du regroupement familial d’effectuer des tests ADN sur les candidats, a été adopté mercredi à l’Assemblée nationale. Plusieurs responsables politiques et associations françaises de défense des droits humains ont déjà exprimé leur indignation face à une telle pratique. Autre amendement qui fâche dans ce projet de loi : la levée de l’interdiction des statistiques ethniques.
Les candidats au regroupement familial pourraient être obligés de subir des tests ADN. C’est le sens de l’amendement présenté par le député UMP, Thierry Mariani, et qui a été adopté, mercredi, par la commission des lois de l’Assemblée nationale lors de l’examen du projet de loi sur l’immigration du ministre Brice Hortefeux. Le test serait volontaire et le demandeur devrait en supporter le coût évalué, dans l’Hexagone, à 1000 euros. La France, selon le député Mariani, ne ferait ainsi que suivre l’exemple de onze autres pays européens.
Dès l’annonce de son adoption, jeudi, la proposition a soulevé de vives réactions au sein de la classe politique et du monde associatif. François Hollande, le premier secrétaire du Parti socialiste compte parmi les nombreux opposants à la pratique. « C’est un pas significatif et inacceptable dans l’atteinte à la vie privée et familiale, qui est hors de proportion avec le but affiché de lutter contre la fraude documentaire, s’est indignée George Pau-Langevin, la député PS du 20e arrondissement de Paris. Est-ce que l’on envisagerait de faire ça pour des Français ? ».
« Une politique digne de la colonisation »
Même son de cloche chez Laurent Giovannoni, secrétaire général de la Cimade (Service œcuménique d’entraide). Il s’est dit « scandalisé que ce type d’amendement soit adopté en commission des lois alors qu’il s’agit d’un changement si profond et qui touche directement l’éthique même de la façon dont on aborde l’accueil des familles ». De son coté, par voie de communiqué, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) constate que « (la) proposition de loi est contraire à l’article 16 du Code civil » et note « que vouloir enrôler la science au service d’une politique anti-immigrée relève d’une politique digne de la colonisation ».
Le ministre de l’Immigration de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement, évoquant, jeudi, l’éventualité de la mise en place de ces tests ADN, a estimé qu’« aucun sujet ne (devrait) être tabou ». Pour preuve, une autre proposition visant à lever l’interdiction du recensement des origines raciales ou ethniques a été adoptée mercredi dernier. « Cet amendement présente un drôle de relent colonial puisqu’il reprend (…) les conceptions nauséabondes d’un découpage de l’espèce humaine en races et en ethnies », dénonce Dominique Sopo, le président de SOS Racisme. « Ses auteurs voudraient-ils signifier, peut-être de façon inconsciente, que les « minorités visibles » ne sont pas totalement françaises ? », poursuit-il en relevant dans son communiqué que l’amendement est attaché au projet de loi sur l’immigration.
Les députés plancheront sur ce quatrième projet de loi sur l’immigration, en cinq ans, les 18 et 19 septembre prochains en séance plénière de la session extraordinaire du Parlement.