En marge de la 33e session du Comité d’orientation du NEPAD, à Johannesburg, le Président du Sénégal, Macky Sall, s’est prononcé sur la vague d’immigration de l’Afrique vers l’Europe et les modalités de résolution des flux migratoires. Le dirigeant sénégalais a tenu à mettre en garde l’Europe sur le fait que « se barricader » n’est pas la solution pour freiner l’immigration.
A Dakar,
Le Président Macky Sall a fait un diagnostic sans complaisance qui lui permet de considérer que la meilleure réponse à apporter aux flux migratoires incontrôlés, c’est un partenariat économique gagnant-gagnant entre l’Europe et l’Afrique, faisant la corrélation avec les drames de l’immigration. Pour le dirigeant sénégalais, il faut établir un partenariat qui prend en compte les rapports historiques entre les deux continents et qui mettrait fin à l’injustice économique et financière que subit l’Afrique à travers des contrats d’exploitation de ses ressources humaines souvent inéquitables et injustes.
« La barricade ne suffira pas… L’Europe doit accompagner l’Afrique »
« L’Afrique vit très difficilement ce drame et est en train de s’organiser au plan continental pour apporter une réponse qui se déclinera forcément à travers des réponses nationales et nous préparons aussi la rencontre de Malte avec l’Europe, pour apporter une réponse à ce drame. Notre responsabilité de leaders africains consiste à trouver des solutions pour fixer les populations africaines sur le continent. Mais l’Europe aura bien entendu un rôle à jouer. L’Europe doit accompagner l’Afrique sur le développement de l’emploi en Afrique à travers des secteurs comme l’agriculture, l’agro-industrie puisque, sur ce plan, nous avons des défis majeurs en matière de développement et en matière de création d’emplois. Mais la barricade seule, le Frontex seul ne suffiraient pas à fermer l’Europe. Sinon, l’histoire rattrapera l’Europe. Elle avait elle-même fait appel à l’Afrique à des moments difficiles. Aujourd’hui, tout ce que nous demandons, c’est un traitement avec la dignité requise et une collaboration internationale pour que l’Afrique assure l’avenir de sa jeunesse ».
« Nous ne pouvons pas accepter qu’on traite l’Afrique avec mépris »
« L’attitude de l’Europe par rapport à ces flux massifs peut sans doute se comprendre sous un certain angle mais, en même temps, il y a quelque chose qui me choque dans cette distribution de quotas, puisque entre l’Afrique et l’Europe, c’est une vieille histoire qui n’a pas commencé maintenant. Il ne faut quand même pas qu’on oublie tout ce qui a lié ces deux continents. Je ne suis pas partisan du rappel de l’histoire, puisque nous devons aller de l’avant, mais nous ne pouvons pas non plus accepter qu’on traite l’Afrique avec mépris. Nous ne pouvons plus accepter ce genre de comportement ni de discours. Ce continent a trop payé pour des bêtises de l’humanité à travers la traite négrière, la colonisation. Nos ressources continuent encore à être pillées. C’est le sens de mon discours au G7 », a réagi le Président sénégalais quant aux quotas d’accueil établis et aux difficultés d’obtention de cartes de séjour des Africains en Europe.
« Il faut mettre fin à l’injustice dans les relations d’affaires »
« Car même si nous avons des ressources, les contrats et les codes qui déterminent et qui régulent les secteurs des hydrocarbures et des mines ne permettent pas aux pays africains d’avoir des ressources financières à la hauteur de leurs potentialités. Donc, indépendamment des questions de corruption et de démocratie, il y a, fondamentalement, une question d’injustice que l’Afrique pose aujourd’hui sur la table et exige qu’il y ait plus d’équité afin justement qu’en retour, elle s’occupe elle-même du développement du continent.