La commission sur les quotas de l’immigration vient de voir le jour ce jeudi à Paris. Ce groupe de travail animé par Pierre Mazeau, ancien président du Conseil constitutionnel, devra réfléchir à une modification constitutionnelle permettant d’instaurer une politique de quotas d’immigrants en France. Dans une interview accordée à Afrik.com, Kofi Yamgnane, membre du Parti socialiste, s’explique sur sa participation à cette commission.
Alors que le Parti socialiste est en plein marasme, le gouvernement réaffirme sa volonté d’ouverture. Une commission sur les quotas d’immigration vient d’être mise en place ce jeudi à Paris par Brice Hortefeux en charge d’un ministère très controversé, celui de l’Immigration qui s’est fixé d’atteindre les 25 000 expulsions pour 2008. Ce groupe de travail qui réunit des hommes politiques de Droite et de Gauche, animé par Pierre Mazeau, ancien président du Conseil constitutionnel, devra réfléchir à une modification constitutionnelle permettant d’instaurer une politique de quotas d’immigrants. Fustigé par son parti, l’ancien secrétaire d’Etat à l’intégration et socialiste, Kofi Yamgnane, revient avec Afrik sur sa participation à cette commission. Un moyen pour lui de faire entendre sa voix.
Afrik.com : En tant que membre du Parti Socialiste et ancien secrétaire d’Etat à l’immigration, pourquoi avoir choisi de participer à ce groupe de travail ?
Kofi Yamgnane : Sur le principe, il s’agit d’une commission pas d’un pouvoir exécutif. C’est un groupe de travail pluraliste où tout le monde peut faire valoir ses idées. J’essaye de participer démocratiquement pour faire entendre ma voix et celle des immigrés, pour ne pas laisser les manettes au gouvernement de Nicolas Sarkozy. Je suis un homme de Gauche, partagé entre l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité.
Afrik.com : Quelles ont été les réactions du Parti socialiste à l’annonce de votre participation à la commission Hortefeux?
Kofi Yamgnane : Ils sont divisés. Pour eux, on ne peut pas associer Brice Hortefeux et Kofi Yamgnane, c’est vrai, je les entends. Depuis peu, beaucoup reviennent sur leurs opinions. Je ne laisse pas indifférent. J’ai décidé d’aller dans cette commission parce-que le Parti socialiste n’avait rien proposé sur cette question. Maintenant j’ai appris que la député guadeloupéenne PS George Pau Langevin avait créé, il y a quelques jours, une commission sur la l’immigration, mais je n’ai pas été invité. La position de la Gauche n’est pas claire. Depuis 1981, le problème de l’immigration n’a jamais été soulevé ni par la Droite ni par la Gauche.
Afrik.com : Vous ne craignez pas que la Droite essaye de vous récupérer ?
Kofi Yamgnane : Je ne suis pas dupe. Je connais les risques inhérents à ma participation. Maintenant, je ne veux pas être dans ce gouvernement.
Afrik.com : Quel sera votre rôle au sein de la commission sur les quotas d’immigration ?
Kofi Yamgnane : Je suis là pour faire valoir mes idées comme le ministre de l’Immigration, Brice Hortefeux, me l’a demandé. Je suis opposé à cette politique de quotas qui est là pour statuer sur combien d’immigrés économiques la France peut accepter. On traite d’hommes et de femmes, pas de dossiers. Cela ne veut rien dire de faire des quotas par sexe, par pays, par âge.
Afrik.com : Quel est à votre avis la solution à l’immigration clandestine ?
Kofi Yamgnane : Les Africains immigrent par nécessité, la France est complice. Il faut une vraie rupture France-Afrique. Il faut qu’on nous lâche la bride. L’Afrique n’a pas besoin d’aide, c’est un continent qui déborde de richesses.
Afrik.com : Que pensez-vous de la situation des immigrés en France à l’heure actuelle ?
Kofi Yamgnane : Les immigrés sont victimes d’injustice, de traitements inhumains. Ils n’ont pas de logement, pas de travail, pas d’instruction car on ne leur permet pas d’aller à l’école. On ne peut pas faire le beau en Afrique et après traiter les Africains de cette manière.
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